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29/02/2024

La nécessité d’une prise en charge globale de l’obésité

En amont de la journée mondiale de l’obésité le 4 mars, la Haute Autorité de Santé (HAS) a présenté lors d’une conférence le 28 février ses recommandations complétées de parcours de soins pour une meilleure prise en charge du surpoids et de l'obésité chez l'adulte.

« L’obésité est une maladie chronique complexe et multifactorielle », a rappelé Lionel Collet, président de la Haute Autorité de Santé (HAS). En France, 4 % des 6-17 ans et 17 % des adultes sont en situation d’obésité (1), et si on intègre le surpoids (2), cette prévalence passe respectivement à 17 % et 49 %. On sait que la pandémie a eu des impacts importants sur la hausse de la sédentarité et le développement des problèmes de santé mentale. Par ailleurs il y a un faible niveau d’activité physique dans la population française, surtout chez les femmes. « L’obésité est presque quatre fois plus fréquente pour les personnes défavorisées socialement, et cela de façon plus marquée chez les femmes, poursuit-il. Cette maladie a un impact important sur la qualité de vie, entraine elle-même d’autres maladies (diabète de type 2, maladies cardiovasculaires …) et réduit l’espérance de vie. C’est un problème de santé publique. »

Améliorer la prévention et être attentif à la stigmatisation

La prévention doit se faire tout au long de la vie pour prévenir un surpoids et l'évolution vers une obésité mais aussi pour éviter une aggravation de l'obésité et l'apparition de complications. « Tout cela doit se faire dans une neutralité bienveillante, sans faire passer de messages verbaux ou non verbaux négatifs, dans une relation de confiance pour que l’adhésion du patient aux propositions faites et au parcours proposé se fasse, ajoute Pierre-Louis Druais, médecin généraliste et vice-président de la Commission recommandations, pertinence, parcours et indicateurs (CRPPI) qui a pour mission de préparer les délibérations du Collège de la HAS. On va essayer de construire avec la personne un questionnement, il faut utiliser les bons mots, savoir repérer la stigmatisation et l’auto-stigmatisation. Peser une personne n’est pas anodin, c’est encore plus vrai chez l’adolescent. » Même lors de la consultation, les conditions ne sont pas toujours réunies pour bien entamer ce dialogue. Marie Citrini, usager-expert et membre de la CRPPI, rapporte que des patients attendent parfois debout car les fauteuils dans la salle d’attente sont en rotin ou de forme conique…

Personnaliser les soins et l’accompagnement des personnes

L'accompagnement est à coconstruire avec le patient et à adapter à sa situation en anticipant d'éventuelles difficultés psychologiques, sociales ou professionnelles. Il est suivi dans la durée, pour dix ans au moins, voire toute la vie. « Modéliser le parcours est essentiel, cela va permettre de prévoir et construire un début de plan de soins où le patient est acteur, ajoute Pierre-Louis Druais. On construit avec lui un contrat dans le long terme, c’est presque l’histoire d’une vie. »  Ainsi, le parcours se définit selon quatre D : dépister, diagnostiquer, discuter, décider ensemble. Selon les cas, le médecin généraliste qui occupe un rôle essentiel peut s’appuyer sur une équipe de professionnels de ville : psychologue, travailleur social, infirmier, diététicien, enseignant en activité physique adaptée, kinésithérapeute, ergothérapeute, psychomotricien. Dans ce document (3) tout juste actualisé sur la prise en charge du surpoids et de l’obésité chez l’adulte, incluant de nouvelles recommandations sur la prise en charge pré et post chirurgie bariatrique. Huit fiches décrivent le rôle des professionnels, dont l’infirmier et l’IPA (fiche 3) dans le parcours : comment intervenir et à quel moment. Les associations de patients, les réseaux spécifiques qui existent en régions, les pairs-aidants, les patients experts sont autant d’appuis pour accompagner la personne.

La HAS rappelle que la concertation et la coordination des professionnels impliqués dans le parcours de soins sont essentielles. Elles doivent permettre de mieux soigner le patient, de mieux l’accompagner et d’éviter toute rupture de soins, tout particulièrement si l’obésité entraine d’autres maladies. D’ici à l’automne, l’instance va produire un document sur l’obésité chez la femme à toutes les périodes de sa vie (avant et après la grossesse, avec une chirurgie bariatrique ou sans, lors de la ménopause…). Une façon de rendre le sujet encore plus visible, sans stigmatisation.

Isabel Soubelet

(1) Indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 30

(2) Indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 25 et inférieur à 30

(3) https://www.has-sante.fr/jcms/p_3408871/fr/guide-du-parcours-de-soins-surpoids-et-obesite-de-l-adulte

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