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18/04/2024

La parentalité mise à mal chez les professionnels de santé  

Un baromètre « santé 360 » réalisé par Odoxa* pointe que la parentalité et l’activité professionnelle ne font souvent pas bon ménage. En particulier pour les soignants contraints à prendre des décisions, qui ne sont pas toujours en accord avec leur volonté.

14 % des Français et 23 % des soignants a déjà reporté ou annulé un projet d’enfant à cause de sa carrière, révèle l’étude. Pour les professionnels de santé, cette décision a le plus souvent été prise (56 %) sous la contrainte car ils ne pouvaient pas faire autrement. D’ailleurs, 41 % des Français et surtout 54 % des professionnels de santé ayant un projet parental ont déjà songé à changer de métier ou à quitter leur emploi actuel en raison de ce projet.

Conciliation difficile de la parentalité et la vie professionnelle

Plusieurs raisons sont évoquées, à commencer par les horaires et l’organisation du travail. Ainsi, 32 % des Français et 35 % des professionnels de santé ne pensent pas que leur profession soit compatible avec le fait d’être parent. De même que 24 % des parents en France et 35 % de ceux exerçant une profession de santé pensent qu’être parent a représenté un frein pour leur carrière. Chez les soignantes, c’est principalement la nécessité de s’arrêter tôt lors de leur grossesse qui a été le principal frein.

Ainsi, seulement 35 % des Français et 12 % des professionnels de santé disent être « pleinement » parvenus à concilier leur vie professionnelle et leur vie personnelle après l’arrivée de leur enfant et leur retour au travail. 53 % des femmes françaises et 82 % de celles exerçant une profession de santé ont déjà ressenti des pressions ou contraintes importantes de leur famille ou de leur travail à cause de leur situation de mère et de travailleuse. Le plus souvent, ce sont elles-mêmes qui se sont fait ces reproches, en « ressentant de la culpabilité » à délaisser leurs enfants « parce qu’elles devaient travailler tard le soir » ou « faire des heures supplémentaires ».

L’adaptabilité de l’organisation du travail

Quelques aménagements sont toutefois mis en place dans les entreprises et surtout dans les établissements de santé pour permettre de concilier maternité et exercice professionnel. 1 femme active sur 4 et une majorité de soignantes en ont déjà bénéficié. Le plus souvent, pour 27 % des femmes actives et 36 % des soignantes, il s’agissait « d’aménagement de leur poste ou de leur temps de travail durant leur grossesse ». Mais ils restent à la marge.

Après la naissance de leur enfant, 54 % des actifs et 59 % des soignants (60 % des femmes et 53 % des hommes) ont pris un congé parental et/ou ont repris leur activité à temps partiel.
Or, cet arbitrage « vie pro-vie perso » dans la parentalité a été souvent subi (43 %) plutôt que voulu, surtout chez les professionnels de santé.

La principale contrainte est avant tout financière (pour 54 % des Français et 58 % des soignants). Mais 28 % des actifs et 38 % des professionnels de santé ont aussi été amenés à faire évoluer leurs horaires de travail à la suite de l’arrivée de leur dernier enfant. Outre les temps partiels, près de 3 sur 10 ont dû changer d’employeur. 4 professionnels de santé sur 10 ayant modifié leurs horaires de travail estiment ne pas avoir eu le choix et ont pris cette décision « sous contrainte ».

Autre contrainte avec l’arrivée d’un enfant : trouver un mode de garde. 62 % des professionnels de santé ont rencontré au moins une difficulté liée à la garde de leur enfant au moment de reprendre leur activité professionnelle. 32 % d’entre eux ont dû « reprendre leur activité professionnelle à temps partiel par contrainte » liée au mode de garde de leur enfant et 14 % ont dû « prendre ou prolonger un congé parental du fait de l’impossibilité de trouver un mode de garde ».

Politique d’attractivité

Agir dans ce domaine est un enjeu majeur pour tous les employeurs et particulièrement les établissements de santé. Car ces difficultés liées à la parentalité ont des conséquences majeures sur la carrière des Français et surtout des soignants puisque 55 % des professionnels de santé ayant rencontré ces difficultés pour la garde de leur enfant ont déjà envisagé de changer de métier (48 %) ou de quitter leur emploi (39 %). 42 % des professionnels de santé considèrent que l’accompagnement des projets
parentaux des collaborateurs est un critère d’attractivité important voire prioritaire pour un employeur.

Laure Martin

*Sondage effectué pour la MNH et le Figaro Santé réalisé avec la Chaire Santé de Sciences Po.

Enquête réalisée en février 2024 sur un échantillon de 2 010 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus et sur un échantillon de 1 432 professionnels de santé.

Pour lire l’intégralité de l’étude : https://www.odoxa.fr/sondage/parentalite-et-activite-professionnelle-ne-font-souvent-pas-bon-menage-particulierement-pour-les-soignants/

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