La reconversion réussie d’un infirmier en électricien | Espace Infirmier
 
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27/06/2024

La reconversion réussie d’un infirmier en électricien

Parce qu’elle s’est généralisée ces dernières années, la reconversion professionnelle des infirmiers ne surprend plus. C’est sans compter sur celle de Bruno Aubard, ancien infirmier anesthésiste devenu chef d’entreprise en électricité et domotique à l’âge de 56 ans. Un parcours atypique pour lequel il a remporté, le 23 mai dernier à Brest (29), le trophée national de la reconversion professionnelle dans la catégorie « Je me suis reconverti après 50 ans ».

S’il existait un palmarès des reconversions les plus originales, celle de Bruno Aubard remporterait certainement la palme ! Car en raccrochant sa blouse, l’ancien infirmier anesthésiste a fait un choix pour le moins déroutant : celui de créer sa propre entreprise en électricité et domotique. Et le voilà à 56 ans, sur les routes finistériennes, arborant fièrement sa nouvelle casquette d’artisan. « Mon carnet de commandes est plein pour les 6 prochains mois. Depuis 2 ans que j’exerce ce métier, je n’arrête pas, mais ma santé va beaucoup mieux », se réjouit-il. Fini les poussées hypertensives qui l’obligeaient à rester chez lui il y a encore quelques mois. Place à un nouveau chapitre de sa vie, loin des hôpitaux et des salles d’opérations où l’ex-soignant a progressivement perdu le sens de sa mission. « Avant d’arrêter en 2020, je sentais que quelque chose ne tournait pas rond. Le métier n’était plus du tout en adéquation avec ma manière de voir le soin et mon corps a commencé à dire qu’il n’était plus d’accord », poursuit le quinquagénaire qui n’en était pourtant pas à son premier accident de vie.

Embûches en série

C’est d’ailleurs lors d’une première hospitalisation à l’âge de 15 ans que le jeune Bruno Aubard se découvre un intérêt pour le métier d’infirmier. « Je trouvais que ces soignants faisaient un super boulot en pédiatrie. La perspective de faire comme eux et de me rendre utile m’a redonné espoir en l’avenir alors que je vivais un moment difficile », rembobine celui qui, enfant, rêvait de devenir cheminot. A défaut de pédiatrie, le jeune diplômé choisit finalement la réanimation à l’hôpital de Châteauroux. Deux ans plus tard, changement de cap. Direction la Bretagne où l’infirmier démarre une nouvelle décennie en tant que libéral dans une petite commune du Finistère sud. Parallèlement, et malgré un agenda bien chargé, il trouve le temps de participer à la création d’un service de santé chez les sapeurs-pompiers. « Je commençais en fait à m’ennuyer un peu. Je pense que j’avais fait le tour », avoue-t-il. Retour à la case hôpital. Cette fois dans le service de réanimation de Quimper (29). Bruno Aubard a alors 36 ans et de l’énergie à revendre. Mais un accident de moto le cloue à nouveau dans un lit d’hôpital. D’aucuns baisseraient les bras, pas lui. « Même dans le noir complet, j’essaie toujours de trouver une petite lueur et de me raccrocher à l’espoir », reconnaît cet optimisme né qui, entre deux opérations, réussit son concours d’entrée au DEIA (diplôme d’Etat d’infirmier anesthésiste).

« Foncez ! »

Il ne le sait pas encore alors, mais cette période sera la dernière comme infirmier. « Pourtant, je me suis accroché : je suis passé cadre parce que je n’arrivais plus à intuber à cause d’un ligament très abimé. Ensuite, je suis parti dans le privé suite à la fermeture de mon bloc. Rien n’y a fait : je devais quitter mes fonctions », reconnaît l’ex-soignant qui a profité du covid pour travailler sur son projet de reconversion. Entamer une transition professionnelle à 54 ans… Le pari était plutôt osé, mais Bruno Aubard l’a relevé. « Qui veut recruter une personne de cet âge ? On est dans une société où le vieux est mal vu alors qu’on a encore des choses à apporter, ne serait-ce que de l’expérience », déplore-t-il. Faisant fi des clichés, le Breton passe le brevet de technicien en électricité et automatismes du bâtiment. Et à la sortie, se spécialise en domotique santé, histoire de tirer profit de cette double casquette. « Celle de soignant me donne une expertise par rapport aux pathologies et aux besoins qui en découlent, tandis que celle d’électricien m’apporte les compétences techniques. Cela met les gens en confiance et ils n’hésitent pas à m’inviter chez eux », se félicite le chef d’entreprise. Inspirant, son parcours, récemment récompensé par un Trophée national de la reconversion, suscite la curiosité. A ceux qui le contactent pour glaner quelques conseils, Bruno Aubard répond : « On en bave, on sue, mais c’est possible. Allez-y, foncez ! »

Eléonore de Vaumas

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