I. Soubelet
Financé par l’ARS Paca, le Centre Régional de Prévention Suicide (CRPS) inauguré le 3 février regroupe en un même lieu trois dispositifs de lutte contre le suicide et la récidive suicidaire avec VigilanS, Asma, et l’ouverture depuis le 25 janvier du numéro national 3114 à Marseille.
C’est dans des locaux du centre de Marseille (6ème) dont l’adresse n’est pas à communiquer puisqu’il n’accueille pas de public que le CRPS a été inauguré le 3 février. Il centralise dans un même espace toute l’activité « prévention suicide » de la Région avec un objectif clair, réduire le nombre de suicides et de tentatives de suicide (TS) dans la Région. On compte environ 2000 TS par an à Marseille et 4000 à 5000 dans le Bouches-du-Rhône. Dans la Région, 10 000 personnes pourraient être concernées. Dans l’open-space, on trouve une zone dédiée au dispositif VigilanS, dispositif hospitalier de veille téléphonique pour les personnes suicidantes destiné aux adultes, coordonné Jean-Marc Henry, psychiatre à l’AP-HM (Assistance publique hôptitaux de Marseille. « Les professionnels sont au bout de la ligne, il n’y a pas d’anonymat mais de la confidentialité, précise-t-il. Pour ce projet novateur qui intéresse, nous n’avons eu aucun problème de recrutement. » La permanence téléphonique, ouverte du lundi au vendredi de 10h à 18h est assurée par des IDE qui ont une connaissance des urgences psychiatriques et des psychologues. « C’est inédit de travailler ensemble et hors les murs de l’hôpital, souligne Céline Nguyen-Lamouri, infirmière et VigilanSeuse. Le but est de réunir des personnels experts dans l’accueil, l’écoute et l’orientation vers des structures appropriées. Nous sommes en train de gagner en visibilité. C’est encore tout nouveau pour nous, et nous sommes encore sur nos repères hospitaliers. Nous travaillons sur un problème grave de santé publique qui s’est accentué depuis l’après Covid. Avec VigilanS, nous sommes complémentaires et dans une temporalité différente de celle du 3114. »
Ouverture du 3114 à MarseilleEn effet, une seconde zone accueille l’équipe du 3114, dans le cadre d’un centre de jour, et répond aux appels de 9h à 21h.
Elle se compose d’un médecin, de sept IDE (les répondants), d’une secrétaire, d’un mi-temps assistante sociale en cours de recrutement, d’un chargé de réseau et d’une cadre de santé. Karine Amerigo, est la cadre qui relève ce défi. Après six années comme IDE en psychiatrie, elle est passée par l’IFCS avant de rejoindre les urgences psychiatriques de l’AP-HM où elle a managé une équipe de 30 personnes.
Aujourd’hui, elle supervise l’équipe de dix personnes des deux dispositifs réunis. « J’ai été tentée par la création de ce service de prévention du suicide et par le suivi du projet, c’était un challenge, confie-t-elle. Ici je peux faire un management plus précis. J’ai davantage de temps et de moyens. Je suis très attachée à l’amélioration de l’environnement de travail et à la qualité de vie au travail. Si les IDE vont bien, elles vont bien s’occuper des patients. » Nul doute qu’elle dispose d’un certain charisme puisqu’une bonne partie de son équipe d’IDE des urgences psychiatriques l’a suivie. C’est le cas d’Elodie Vasnier et Shaïma Gharsallah, désormais dans l’équipe du 3114.
Autonomie et prise de décision« Nous évaluons les situations avec nos connaissances, et contrairement aux urgences, nous n’avons pas la personne en face de nous, témoignent-elles. C’est elle, qui selon son bon vouloir, nous donne les informations. Nous sommes là pour rassurer et réduire les effets de la crise suicidaire. Cela peut parfois être stressant mais nous avons une bonne relation d’équipe car nous nous connaissons bien. Cela permet d’échanger facilement. Nous avons aussi l’habitude de prendre des décisions face à une situation donnée, d’être autonomes et en lien avec le SAMU. » Rappelons que le numéro national de prévention suicide est entré en fonctionnement le 1er octobre 2021. Actuellement, une chargée de mission travaille sur les réseaux sociaux, et un autre axe de développement concerne une solution pour les personnes en situation de handicap. Jusque-là, Marseille était couvert par Montpellier à raison de 2000 à 2500 appels enregistrés par mois. Enfin, le CRPS comprend l’Association suicide et mal-être de l’adolescent (Asma). Dirigée par David Soffer, pédopsychiatre, Asma est un dispositif de veille téléphonique visant à la prévention de la récidive suicidaire chez les jeunes. L'association intervient dans les départements des Alpes de Haute Provence, des Hautes Alpes, des Bouches-du-Rhône, et du Vaucluse.
De quoi créer un réelle dynamique, une visibilité et des conditions d’accueil et de prise en charge pour les citoyens.
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Soubelet I., «https://www.espaceinfirmier.fr/actualites/a-marseille-une-association-veille-sur-les-adolescents-suicidaires.html », espaceinfirmier.fr le 20/04/2021
Soubelet I., «Une formation pour mieux cerner la crise suicidaire», dans L'infirmièr.e n°12, du 01/09/2021