Partie dimanche 18 septembre de la côté méditerranéenne, une infirmière passionnée de navigation s’est embarquée à bord du Thalassanté pour deux ans de tour du monde à la voile. Tout au long de ce voyage, Claire Marty entend promouvoir la santé autrement que par le prisme de la maladie.
Mettre les voiles. Partir de l’autre côté du globe sans regarder derrière soi. Garder un seul cap : celui de la charte d’Ottawa visant à promouvoir la santé. C’est l’audacieux pari de Claire Marty, co-fondatrice de l’association Thalassanté, porteuse du projet. Cette infirmière marseillaise de 56 ans, passionnée de navigation, a tout quitté dimanche 18 septembre, en fin d’après-midi. Les amarres, elle les a larguées à l’Estaque, petit port des Bouches-du-Rhône. A la barre d’un voilier de 60 pieds (environ 18 mètres), elle prévoit de naviguer pendant près de deux ans, suivant l’itinéraire des grandes courses autour du monde.
Accompagnée de quatre autres marins amateurs, elle se lance dans une aventure dont les contours sont encore flous. Seule certitude : « Je veux recueillir les paroles des habitants des lieux où nous irons, confiait-elle quelques heures avant d’embarquer. L’idée est de s’ouvrir à des gens différents. J’aimerais savoir quelle est leur définition du mot santé. Ici, on ne le perçoit qu’à travers la maladie. » L’équipage a embarqué du matériel pour filmer. Il s’agira de ramener des images, en vue d’un reportage, voire d’un long-métrage… A chaque escale, les marins amateurs s’efforceront aussi de transmettre leurs valeurs, en l’occurrence celle de la santé au sens positif, en évitant de ne la montrer qu’à travers le prisme de la pathologie.
L’idée de cette aventure remonte à 1988, lorsque naît l’association « International nurses », précurseur de Thalassanté. Surtout orientée vers un public infirmier, cette première organisation visait à offrir un moyen d’expression aux femmes en blanc. « Dans ce métier, on a l’impression que l’on développe des compétences qui dépassent le cadre du soin, qui peuvent être utiles à la société et aux entreprises, explique Claire Marty. Il ne s’agit pas forcément d’humanitaire. Mais nous n’avons pas de reconnaissance à ce niveau. »
Première escale : Barcelone
Les années s’écoulant, le concept devient plus clair. L’association, rebaptisée Thalassanté, vise désormais à « parler de santé plutôt que de prévention, avoir un discours positif plutôt que négatif ». Tout ceci se précise lorsque Claire Marty rencontre Sylviane Conte, une amie infirmière. A l’époque, elles travaillent toutes deux en intérim dans un centre de dialyse. « On voyait des situations difficiles, le comportement humain d’une personne vis-à-vis d’une autre personne dépossédée de ses propres moyens, se souvient l’ancienne collègue. Pour éviter cette rupture d’équilibre, nous voulions que chaque individu puisse s’approprier sa santé. »
C’est donc la mission que s’est fixée l’équipage de Thalassanté. Mais s’il compte se laisser porter par les rencontres qu’il fera, il suivra un itinéraire préétabli. Au programme de ce long périple, plusieurs étapes prévues : en Afrique du Sud, en Tasmanie, en Nouvelle Zélande, et peut-être en Nouvelle-Calédonie. Mais pour l’heure, notre infirmière se dirige vers Barcelone, plus précisément vers la Maison de la mer.
Texte et photo: Marjolaine Dihl