La santé des travailleurs indépendants à la loupe

10/10/2012

La santé des travailleurs indépendants à la loupe

Les conditions de travail impactent la santé des personnes : une étude épidémiologique de longue haleine s’intéresse au sort des indépendants, libéraux compris.

Au cours de sa vie active, un individu consacre environ un tiers de son temps à son activité professionnelle, potentiellement source d’expositions pathogènes de nature chimique, physique ou psycho-sociale. Le manque de données françaises relatives aux effets du travail sur la santé a conduit les pouvoirs publics à vouloir en savoir plus pour bâtir des plans de prévention efficaces. Depuis 2010, le programme Coset (Cohorte santé et travail) vise à suivre dans la durée des échantillons représentatifs de la population active. Dans le sillage des salariés du régime général et des travailleurs agricoles, c’est aux indépendants que s’intéresse l’étude de cohorte lancée en septembre (1) par l’Institut de veille sanitaire (InVS), en partenariat avec le Régime social des indépendants (RSI).

C’est le « premier dispositif de surveillance généraliste », se félicite Juliette Chatelot, épidémiologiste à l’InVS, en charge de la cohorte Coset-RSI. En effet, en l’absence de branche accident du travail et maladie professionnelle au RSI, peu de données existent sur les indépendants, hormis « des études ponctuelles sur des populations ciblées » - l'asthme chez les boulangers, par exemple -, observe Juliette Chatelot. Cette catégorie d’actifs a pourtant des problèmes spécifiques d’ « organisation du temps de travail avec des journées souvent longues et des horaires décalés », note-t-elle : 45 % des non salariés (dont agricoles) déclarent travailler plus de 50 heures par semaine contre 3 % des salariés.

Suivi post-professionnel

En phase pilote, 20 000 questionnaires ont été envoyés à des artisans, commerçants et professionnels libéraux tirés au sort parmi les affiliés du RSI âgés de 18 à 65 ans, dont 8 000 libéraux relevant de la caisse d’Ile-de-France. L’InVS table sur 10 % de réponses. Après exploitation des premiers résultats en 2013 et correction d’éventuels biais statistiques, la cohorte sera étendue à tout le territoire national, jusqu’à agréger 30 000 volontaires.  Cette cohorte comprendra quelques infirmiers libéraux non conventionnés, les Idel conventionnés relevant du régime général et figurant donc dans le cohorte Constances.

Les informations médicales et professionnelles recueillies de manière totalement confidentielle seront actualisées tous les ans, sauf refus des intéressés. Pour que l’étude soit instructive, elle doit durer « le plus longtemps possible », insiste Juliette Chatelot. La cohorte sera donc suivie sur de nombreuses années, voire plusieurs dizaines d’années et même au-delà de l’arrêt de l’activité professionnelle des cohortistes. Un suivi post-professionnel qui permet « de voir apparaître certaines pathologies » très longues à se manifester, comme celles liées à l’amiante, explique l’épidémiologiste.

Cécile Almendros

 

1 - Les phases pilote des cohortes Constances (Cnamts) et Coset-MSA (MSA) ont démarré en 2010 : les premiers résultats sont en cours d’exploitation. A elles trois, Constances, Coset-MSA et Coset-RSI sont représentatives de 95 % des actifs de France.

 

 

Logolib Article paru dans L'Infirmière Libérale Magazine, daté du mois d'octobre

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