Si l’offre de soins et la formation des infirmières ne sont pas les thèmes les plus mis en avant par les candidats, ils sont régulièrement présents dans les professions de foi.
Transports, gestions des lycées... en théorie, le champ d'action des conseils régionaux est très restreint. Les politiques de santé relèvent d’abord de l'État, des hôpitaux et des caisses d'assurance-maladie. Mais au-delà des fonctions obligatoires des régions, une clause dite de « compétence générale » les autorise à développer des programmes dans presque tous les domaines. A quelques jours du premier tour des élections (ce dimanche), voici un aperçu des propositions qui pourraient affecter la pratique infirmière ou, plus généralement, le champ de la santé.
Formation des soignants
Depuis 2005, les budgets et les bourses liés aux formations paramédicales relèvent des conseils régionaux (1). Chacun fixe librement son barème, dont dépend le montant des allocations attribuées aux étudiants. Dans certaines régions pilotées par les socialistes (comme la Bourgogne, la Picardie ou le Limousin), des bourses sont attribuées aux étudiants infirmiers sur la base du volontariat et d’un contrat les engageant à s’installer sur un territoire donné, pour une durée déterminée. Une idée reprise ailleurs par des candidats PS, tels Christophe Béchu en Pays de la Loire ou Jean-Paul Huchon en Ile-de-France.
En Bourgogne, le PS souhaite continuer sur sa lancée : en septembre, la région avait instauré une bourse « échelon zéro » pour les étudiants en formations sociales et paramédicales. Les bénéficiaires sont remboursés de leurs droits d’inscription par le conseil régional.
En Paca, Michel Vauzelle promet la gratuité des études en Ifsi pour tous (et pas seulement dans le secteur public). Dans la même région, Pierre Godard, du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) souhaite créer de nouveaux Ifsi dans les hôpitaux publics qui en sont dépourvus et augmenter le nombre de place dans les instituts existants, tout en garantissant un poste près de leur domicile aux diplômés. Il prône aussi un retour à une formation globale, moins basée sur les stages hospitaliers.
Prévention, offre de soins, recherche
Au centre et à droite, les programmes abordent plutôt les questions de santé au sens large. Un peu partout, l'UMP met en avant la lutte contre le cancer et le sida, notamment en promettant de renforcer les programmes de recherche contre ces maladies. L’accent est aussi mis sur la prévention. Dans le Nord-Pas-de-Calais, Valérie Létard souhaite améliorer l’information à destination des lycéens afin de lutter contre l'alcoolisme et l'obésité.
Dans de nombreuses régions, les candidats, de droite comme de gauche, proposent de faciliter le recours des adolescents à la contraception. En Ile-de-France, Europe Ecologie veut créer des « chèques santé jeunes » destinés aux étudiants ne pouvant bénéficier de l’aide à la complémentaire santé.
La maladie d'Alzheimer est également au cœur des programmes, notamment à droite. En Rhône-Alpes, Françoise Grossetête (UMP) prévoit d’aider financièrement le développement des maisons d’accueil pour les malades.
En Haute-Normandie, le Front de gauche promet de nommer une mission régionale, en lien avec les organisations syndicales, pour la prévention des maladies professionnelles et la sécurité au travail. Enfin, il prévoit de développer les « points écoute jeunes » pour aider les 16-25 ans à régler leurs problèmes de santé et les orienter de façon anonyme (tendances suicidaires, contraception, conduites addictives...).
Maisons de santé à l’honneur
Autre sujet fort : la lutte contre les inégalités en matière d’accès aux soins. Le MoDem propose la mise en place dans chaque région d’un plan régional de santé, en concertation avec les populations locales, les professionnels de santé et les partenaires sociaux pour coordonner les actions de prévention et organiser au mieux la répartition territoriale de l’offre de soins.
Presque tous les candidats, tous partis confondus, promettent l'ouverture de maisons de santé en milieu rural ou dans les quartiers « sensibles », selon les spécificités des régions. Leur but : permettre un accès aux soins plus facile pour les populations isolées.
En Ile-de-France, Cécile Duflot (Europe Ecologie) propose d'organiser des permanences de soins ambulantes, avec des médecins et infirmières qui se déplaceront dans les quartiers et les écoles pour renforcer l’accès aux soins dans les secteurs défavorisés.
En Haute-Normandie, les socialistes souhaitent créer un « pass installation » pour inciter les professionnels de santé (infirmières, mais aussi médecins, dentistes, ophtalmologues, paramédicaux…) à s’implanter, notamment en milieu rural et dans les quartiers.
Hélène Charcot