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Santé Publique France a publié le 17 avril les résultats de son dispositif de surveillance des maladies à caractère professionnel (MCP) en France. Il apporte des indicateurs utiles pour mettre en place des actions de prévention plus efficaces.
En 2018, plus de 40 000 salariés ont été vus dans le cadre du programme MCP par 13 % des médecins du travail exerçant dans les neuf régions couvertes par le dispositif chapeauté par Santé Publique France en collaboration avec l’Inspection médicale du travail. Pour rappel, une MCP est définie comme toute pathologie ou symptôme causé ou aggravé par le travail et n’ayant pas fait l’objet d’une reconnaissance en maladie professionnelle (MP).
TMS et souffrance psychiqueSelon les résultats(1), entre 2012 et 2018, près de la moitié des pathologies signalées pour les hommes était des troubles musculosquelettiques (TMS) et environ un tiers relevait de la souffrance psychique. Ensuite, on trouvait les troubles de l’audition, les irritations et ou les allergies représentant chacune moins de 5 % des pathologies signalées. Quelle que soit l’année, la prévalence des TMS était plus élevée chez les femmes que chez les hommes avec un taux relativement stable entre 2007 et 2015, autour de 3,1 % pour les femmes et 2,4 % pour les hommes. En revanche, depuis 2015 une augmentation était observée pour atteindre respectivement 4,4 % et 3,2 % en 2018. On note également que le secteur de la santé humaine et l’action sociale enregistrait une plus forte prévalence des TMS allant de 3,3 à 5,6 %. Plus de 80 % des agents incriminés étaient des facteurs biomécaniques comme les mouvements répétitifs, la posture, le travail avec force.
Les femmes davantage touchées par la souffrance psychiqueChez les femmes, la part de la souffrance psychique était en augmentation constante sur la période passant de 42 à 52 %. Ensuite, on trouvait les TMS qui représentaient environ 40 % des pathologies signalées, puis venaient les irritations et allergies (2 à 4 % selon les années), et enfin les troubles de l’audition dans moins de 0,5 % des cas. Sur la période étudiée, les femmes étaient les plus concernées par les problèmes de souffrance psychique (la dépression étant la pathologie la plus signalée) avec un taux allant de 3,5 % à 6,2 % selon l’année. La prévalence de la souffrance psychique augmentait progressivement entre 2007 et 2018, les femmes âgées de 35-44 ans étant les plus touchées (45-54 ans chez les hommes). Les facteurs organisationnels, relationnels et éthiques représentaient 99 % des agents incriminés. Et près de la moitié d’entre eux relevaient de l’organisation fonctionnelle du travail à savoir surcharge ou sous-charge de travail, changements dans l’organisation, dysfonctionnements dans les prescriptions hiérarchiques, déficit de reconnaissance, manque de moyens…
Fort de ces constats, Santé Publique France souhaite aller plus loin.« Le programme MCP donne des indicateurs et s’appuie sur la mobilisation des médecins du travail et des infirmiers, souligne Mélina Le Barbier, directrice adjointe de la Direction Santé Environnement Travail. Il repose sur l’expertise médicale et une analyse épidémiologique pour apporter une connaissance. Nous allons favoriser la participation, chercher à intégrer des données pendant la consultation et nous souhaitons étendre le programme à l’ensemble du territoire. »
Renforcer la mobilisation de tous, c’est l’enjeu pour mettre en place des actions de prévention efficaces et faire évoluer le tableau des maladies professionnelles.