Dans le cadre de son projet régional de santé, l'ARS d'Ile-de-France accompagne financièrement plusieurs réseaux de télémédecine. Quatre d'entre eux visent à améliorer l'accès aux soins des patients « aux deux extrémités des âges de la vie ».
Une forte concentration de population, un tissu d'établissements de santé et médico-sociaux plus ou moins dense selon les territoires, de nombreux experts médicaux, des inégalités de santé importantes... Tous les critères étaient réunis pour favoriser le développement de la télémédecine en Ile-de-France. En décembre 2011, 36 réseaux étaient recensés par l'agence régionale de santé (ARS). La forte hétérogénéité des activités, des organisations, des solutions techniques et du nombre de patients pris en charge a justifié la mise en place d'une stratégie régionale, définie par le programme régional de télémédecine. Adopté en décembre dernier dans le cadre du projet régional de santé, il vise à mettre en conformité et valoriser les expérimentations en cours, et également soutenir l'innovation et l'émergence de nouveaux projets.
14 projets pilotes
En 2011 et 2012, l'agence a consacré 10 millions d'euros au financement de 14 projets pilotes, impliquant quelque 150 établissements de santé et 45 ehpad franciliens, a détaillé l'ARS lors d'une conférence de presse, mardi 9 avril. Télésurveillance médicale de maladies chroniques (insuffisance cardiaque, obésité), télé-imagerie, télé-expertise... les projets accompagnés par l'ARS ont pour but d'améliorer l'accès aux soins des patients situés « aux deux extrémités des âges de la vie » : les prématurés et les personnes âgées dépendantes.
Depuis le début de l'année, le CH Sud-Francilien (Corbeil-Essonnes) et la Fondation d'ophtalmologie Rothschild expérimentent un dépistage par télé-expertise de la rétinopathie des grands prématurés, financé à hauteur de 210 000 euros par l'ARS. Sur les quelques 10 000 grands prématurés (moins de 32 semaines et/ou poids inférieur à 1500 grammes) qui naissent en France chaque année, environ 300 développent une rétinopathie sévère, une anomalie de la vascularisation de la rétine pouvant entraîner une malvoyance ou une cécité si elle n'est pas traitée à temps. « Le dépistage est un examen difficile, qui nécessite un ophtalmologue formé, a expliqué le Dr Georges Caputo, de la Fondation Rothschild. Ils ne sont pas nombreux et cela ne va pas s'arranger. »
Binôme pédiatre-puéricultrice
Le départ du spécialiste qui exerçait au service de néonatologie a incité le Dr Michèle Granier à se tourner vers la télémédecine. Le dépistage est désormais effectué par un binôme pédiatre-puéricultrice. Grâce à une caméra de rétine grand champ, ils effectuent une quarantaine de clichés du fond d'oeil des grands prématurés, à un mois de vie. Cet examen est répété tout au long de l'hospitalisation du bébé. Les clichés sont ensuite transmis, via un réseau sécurisé, à la Fondation Rothschild, qui les analyse et vers laquelle seront transférés les bébés pour un traitement au laser le cas échéant.
Les avantages du dépistage par télé-expertise sont nombreux : moins de déplacement coûteux et traumatisants pour les enfants, des photographies qui permettent de diagnostiquer davantage de rétinopathies modérées et de manière plus précoce que l'ophtalmoscopie indirecte classique, de nouvelles compétences pour les professionnels de santé, notamment infirmiers, et des examens « réalisés en temps et en heure », relève le Dr Caputo.
Télémédecine et handicap
À l'autre « extrémité », l'ARS accompagne financièrement trois projets visant à connecter des établissements de santé et des ehpad. Le projet Télégéria, qui relie l'hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP) et le CH de Gonesse (Val-d'Oise) à 30 ehpad situés à Paris et dans le Val-d'Oise, permet de diminuer les transports inappropriés de patients aux urgences et d'améliorer l'accès aux consultations spécialisées grâce à de la télé-expertise et de la téléconsultation.
L'ARS d'Ile-de-France lancera en 2013 un nouvel appel à projets, centré sur la télémédecine et le handicap.
Aveline Marques