Suivi des patients à distance, éducation à domicile… la 2e journée annuelle de L’Association nationale de télémédecine (Antel) a mis en valeur de prometteuses applications, par exemple face aux pathologies cardiaques.
2009 aura certainement été un bon millésime pour la télémédecine. La loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires) a enfin intégré un article qui lui est consacré. Et le décret d’application devrait paraître en fin d’année.
La télésurveillance, en plein essor, porte ses fruits pour les patients atteints de maladies chroniques, comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires. Elle permet de retarder une réhospitalisation, donc de favoriser le traitement à domicile, et peut aussi éviter des traitements coûteux. Par exemple, un patient insuffisant rénal correctement télésurveillé peut retarder de sept ans la dialyse, le traitement le plus coûteux pour l’assurance-maladie.
Les moyens utilisés favorisent la facilité d’usage et l’interactivité. Les industriels s’impliquent dans leur amélioration, comme avec le programme Continua, alliance internationale née en 2006 qui implique aujourd’hui plus de 227 industriels dans le monde. Le programme Biotronik, né de la volonté du professeur allemand Max Schaldoch, inventeur du premier stimulateur cardiaque, permet au patient équipé d’un boîtier électronique de transmettre automatiquement ses données médicales, via la téléphonie mobile, au médecin qui y accède via un site Internet sécurisé. La télécardiologie permet d’éviter une consultation sur deux et a été reconnue par la Haute Autorité de santé (HAS).
Écran tactile chez le patient
Des études de plus en plus précises sont menées. Ainsi du Scad (suivi clinique à domicile), expérience menée en Basse-Normandie auprès d’insuffisants cardiaques, qui représentent 2 600 nouveaux cas par an, dont 80 % ont plus de 70 ans et 34 % sont réhospitalisés dans l’année. Le dispositif se compose d’un terminal à écran tactile installé chez le patient, d’un PC gestionnaire de suivi sur lequel l’infirmière récupère les données transmises par le patient, et d’un accès sécurisé aux données médicales pour le médecin traitant. Le Dr Annette Belin, du service de cardiologie de l’hôpital de Caen, se montre enthousiaste : « Il est possible de faire de la réadaptation cardiaque à domicile. Il faut éduquer le patient, particulièrement sur les facteurs de décompensation. On cherche à les amener à consulter avant d’avoir décompensé, pour diminuer le délai de réhospitalisation. »
L’algorithme de suivi clinique intégré au dispositif a pour but de faire comprendre au patient qu’il doit consulter, ou mieux suivre les règles hygiéno-diététiques. L’équipe clinique, dont les infirmières sont en première ligne, peut réagir aux besoins non urgents : contacter le médecin traitant ou le cardiologue ou vérifier que le patient l’a fait après qu’il a reçu une alerte. « Les infirmières s’emparent du système avec une facilité étonnante », se réjouit Annette Belin.
Les patients se disent rassurés, et confient avoir acquis des automatismes d’autosurveillance.
Quelques faiblesses néanmoins : la baisse de motivation avec l’âge, la difficulté à détecter et à traiter la dépression, l’augmentation du risque de dépendance à l’appareil augmentent chez les plus âgés.
Sarah Elkaïm
La 2e journée annuelle de l'Antel s'est déroulée le 19 novembre à Paris.