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23/10/2024

LAËTITIA LAIGNEL, UNE RÉALISATRICE ENGAGÉE POUR LA SANTÉ DES FEMMES

Diplômée du Conservatoire libre du cinéma français (CLCF) à Paris, Laëtitia Laignel a été assistante mise en scène sur de nombreux longs-métrages et séries TV. Son parcours a été stoppé par une endométriose sévère qu’elle a mise en image en réalisant « Toi mon endo » en 2019. À 42 ans, elle vient de sortir « Face aux étoiles », son dernier court-métrage sur le cancer du sein.

COMMENT EST NÉ CE COURT-MÉTRAGE PRÉSENTÉ EN AVANT-PREMIÈRE LE 11 OCTOBRE AU CINÉMA LE RENOIR À AIX-EN-PROVENCE ?

En tant qu’hypno-praticienne, j’accompagne depuis cinq ans de nombreuses femmes atteintes d’un cancer du sein dans mon cabinet près de Digne-les-Bains dans les Alpes-de-Haute-Provence. En 2023, j’ai été hospitalisée à l’Hôpital Privé de Provence (HPP) à Aix-en-Provence, et en voyant les affiches d’Octobre Rose, l’idée a fait son chemin. Je voulais faire quelque chose sur le cancer du sein. J’ai d’ailleurs écrit le scénario depuis ma chambre d’hôpital, puis nous avons réalisé le tournage en octobre 2023.

QUEL EST LE SCÉNARIO DE CE COURT-MÉTRAGE DE FICTION, RÉALISTE ET TRÈS SENSIBLE ?
Le point de départ, c’est le diagnostic qui tombe. Myriam – interprétée par la comédienne de théâtre Lisa David-Dupré – est atteinte d’un cancer du sein. À travers le regard de son frère Sacha  – interprété par Pascal Mourtialon, chirurgien gynécologue depuis 10 ans – on découvre toute la bataille contre la maladie. Mon but est de toucher et marquer durablement la conscience des femmes à ce sujet, particulièrement celles qui demeurent hermétiques aux campagnes d’information classiques. Dans ce court-métrage, je montre tout le processus de l’annonce du diagnostic à la reconstruction mammaire. Et au-delà des aspects techniques, je mets en avant le rôle de l’accompagnement et l’étape déterminante de la résilience.

QUELS MESSAGES SOUHAITEZ-VOUS FAIRE PASSER ?
Il y a trois messages forts. Le premier est de mettre en avant l’importance de la prévention et du suivi de la santé des femmes en réalisant des mammographies régulières aux dates nécessaires. Il existe encore de nombreux freins pour passer les mammographies (jugées désagréables, douloureuses, voire même à l’origine des cancers…). Or le dépistage passe par cet examen qui est primordial. De nombreux cancers auraient pu être dépistés si les mammographies avaient été réalisées plus tôt. Le deuxième, c’est l’importance et la présence de l’entourage pour aider la personne atteinte d’un cancer à traverser cette épreuve, et ce à tous les stades : annonce, traitement, et après. Les femmes peuvent se sentir un peu seules voire perdues, une fois de retour chez elles. L’entourage peut-être le conjoint, la famille, les ami(e)s. J’ai choisi le frère car ces liens essentiels et fusionnels entre frère et sœur sont moins souvent mis en avant. Et le troisième message, c’est la résilience. Pour toutes les femmes atteintes d’un cancer du sein, il y a un avant et un après. Après la période difficile des traitements, elles ressentent le besoin d’une remise en question, sur le sens de la vie, du travail. Les femmes que j’ai pu rencontrer au Centre ressource à Aix-en-Provence évoquent clairement le fait qu’elles ont pu combattre la maladie, pour ensuite, vivre autrement. C’est une forme de reconstruction mentale. C’est le sens « de guerrière pacifique » énoncée dans le court-métrage.

QUELLES SONT LES RAISONS DE VOTRE ENGAGEMENT POUR LES PATHOLOGIES FÉMININES ?
Il y a 15 ans, on m’a diagnostiqué une endométriose sévère et j’ai dû stopper ma carrière professionnelle dans le cinéma. J’ai eu de nombreuses interventions et connu de longs séjours à l’hôpital… Puis il y a quelques années, j’ai décidé de reprendre ma caméra pour parler de sujets en lien avec la santé des femmes, j’ai voulu remettre mes compétences de réalisatrice au service du médical. Je suis une réalisatrice engagée qui œuvre dans le domaine de la sensibilisation. Je travaille d’ailleurs avec les professionnels de Provence Gynécologie pour avoir leur regard sur les différents sujets traités. Nous avons ensemble construit un partenariat humain et un partenariat médical.

COMMENT VA VIVRE LE COURT-MÉTRAGE FACE AUX ÉTOILES ?
En octobre, il est diffusé dans deux cinémas, le Renoir et le Cézanne, à Aix-en-Provence. Nous avons fait le choix de le diffuser également sur tous les réseaux sociaux afin qu’il devienne viral, et il est en accès libre sur YouTube*. Nous sommes aussi en discussion avec les chaines de télévision nationales. Et bien sûr, il est disponible pour tous nos partenaires, pour une diffusion interne et externe, dans des congrès ou des séminaires. Nous allons aussi le proposer aux IFSI et aux écoles de sage-femmes. Et nous souhaitons mettre en place des interventions dans les lycées. Le but est de toucher le maximum de personnes.

AVEZ-VOUS D’AUTRES PROJETS EN COURS ?
Oh oui ! Mon prochain court-métrage portera sur la ménopause. Si « Face aux étoiles » est un court-métrage d’auteur avec beaucoup de poésie, le sujet sur la ménopause se fera à partir d’un scénario plus léger, humoristique et décalé sous forme de spots. Le but est, là encore, de faire de la sensibilisation et de montrer les différents états provoqués par la ménopause, de parler des problèmes avant de les connaître, et d’apporter des solutions. Le tournage aura lieu en 2025. Ensuite, j’ai en projet un sujet sur les violences faites aux femmes. Et dans trois ans, je souhaite réaliser un court-métrage plus long, Théopolis, sur le déni de la mort d’un proche…

Propos recueillis par Isabel Soubelet

* « Face aux étoiles » écrit et réalisé par la cinéaste Laëtitia Laignel et son équipe Cinéma Etc, ce court-métrage de fiction a pu voir le jour grâce à de nombreux soutiens et partenaires dont l'Hôpital Privé de Provence (HPP), Provence Gynécologie (cabinet spécialisé dans la santé de la femmes avec 3 chirurgiens-gynécologues Pascal Mourtialon, François Guillibert et Isabelle Masquin-Chivot) et le Centre Ressource d’Aix-en-Provence. Muriel Hurtis, athlète multimédaillée qui joue le rôle de la professionnelle qui réalise l’échographie, est marraine du projet, et Bruno Solo, comédien, producteur et réalisateur en est également le parrain.

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