Il s'agit d'inciter la population générale, a priori non considérée comme étant « à risque » à se faire dépister au moins une fois et d'encourager les professionnels de santé à proposer systématiquement le dépistage.
A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (Inpes) et le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé lanceront mercredi une campagne d’information à destination tant des professionnels de santé que de la population générale et des publics à risque, dont l’axe stratégique est l’incitation au dépistage généralisé. Le constat qui sous-tend cette campagne tient en un chiffre : on estime que 50.000 personnes ignorent aujourd’hui en France leur séropositivité. Or les thérapeutiques actuelles sont d’autant plus efficaces qu’elles sont appliquées tôt dans le développement de la maladie.
Le nombre de découvertes de séropositivité a augmenté en 2009
En 2009, selon l’Institut de veille sanitaire (InVS), 6.700 personnes ont découvert qu’elles étaient séropositives, soit 300 de plus qu’en 2008, alors que la tendance était à la baisse depuis 2004. A noter cependant que l’augmentation des découvertes ne concerne que le sous-groupe des hommes contaminés par rapports sexuels entre hommes. Cette catégorie représente plus du tiers (37%, 2.500 individus) des découvertes de contamination en 2009. L’InVS se dit préoccupé notamment par le doublement en six ans du nombre de découvertes de séropositivité chez les moins de 25 ans appartenant à ce sous-groupe.
Un tiers (33%) des découvertes de séropositivité en 2009 a par ailleurs concerné des personnes originaires d’Afrique sub-saharienne, dont la moitié chez des hétérosexuels.
Trop de découvertes tardives
Outre que de nombreuses personnes vivent dans l’ignorance de leur séropositivité, « près de 30% des découvertes se font au stade sida », a indiqué Caroline Gardette, de l’InVS, lors d’une conférence de presse lundi au ministère de la Santé, ce qui constitue une « véritable perte de chance » pour les personnes concernées. Ce retard concerne plus particulièrement des personnes qui ne se considèrent pas comme « à risque » d’infection : plus de 40 ans, hétérosexuels, vivant en couple, ayant des enfants, etc.
Cette réalité a conduit les pouvoirs publics à considérer que les cinq millions de tests de dépistage pratiqués chaque en France, dont 8% dans le cadre d’une consultation de dépistage anonyme et gratuit (CDAG), n’étaient pas suffisants, d’autant que certains sous-groupes sont diagnostiqués plus tardivement que d’autres, tels les hommes contaminés par rapports hétérosexuels, qu’ils soient nés en France ou à l’étranger : plus d’un tiers d’entre eux découvrent leur séropositivité à un stade d’immunodépression avancée (moins de 200 CD4).
Banaliser le dépistage pour les 15-70 ans
« L’idée est de banaliser le recours au test en dehors de toute exposition à un risque », a ainsi indiqué le ministre en charge de la Santé Xavier Bertrand lundi, précisant qu’une évaluation de cette stratégie serait réalisée « dans les cinq ans ». Dorénavant, il s’agira de proposer le dépistage au moins une fois à toute personne de 15 à 70 ans. Cette tâche revient en premier lieu au médecin généraliste, invité à prescrire un test de dépistage à l’occasion de tout bilan biologique.
Le dispositif mis en place pour accompagner les professionnels de santé dans cette petite révolution, se compose notamment d’une brochure de douze pages avec conseils sur la façon de formuler une proposition de dépistage. Pour le grand public, un spot de 30 secondes vantant les progrès thérapeutiques en matière de VIH pour mieux souligner l’intérêt du dépistage sera diffusé à la télévision et dans les cinémas du 1er au 21 décembre. Une version longue (55 secondes) est disponible sur internet. Une affiche d’information et une annonce dans la presse quotidienne gratuite, régionale et nationale complèteront le dispositif. Deux brochures sur l’utilisation du préservatif masculin et féminin ont été adaptées au public malvoyant.
Par ailleurs, des dispositifs spécifiques ont été prévus pour certaines populations à risques : les homosexuels, les migrants originaires d’Afrique sub-saharienne et les habitants des territoires français d’Amérique, notamment la Guyane qui présente une proportion de sérologies positives particulièrement élevée.
Cécile Almendros