Cette année, l'Assurance maladie a intégré de nouveaux publics à son dispositif de prise en charge à 100% de la vaccination antigrippale, soit 12 millions de personnes au total. Les pouvoirs publics comptent sur les professionnels de santé pour redresser un taux de couverture vaccinale en net recul.
C’est aujourd’hui, 29 septembre, que débute la campagne nationale annuelle de vaccination contre la grippe, avec l’arrivée des vaccins dans les officines. Elle doit s’achever le 31 janvier. Sauf pour les territoires français de l’hémisphère sud. En effet, La Réunion et Mayotte bénéficient pour la première fois (!) d’une campagne distincte, tenant compte de la saisonnalité de la grippe, différente dans cette partie du globe.
Cette année, l’Assurance-maladie a invité près de 12 millions d’assurés à bénéficier gratuitement du vaccin contre la grippe saisonnière et recommande de le faire avant la circulation active des virus grippaux, soit dès que possible, puisqu’il faut compter une quinzaine de jours avant que le vaccin ne fasse effet. Conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le cru 2011-12 du vaccin est trivalent, basé sur les souches qui ont circulé l’année dernière (1), a indiqué le Directeur général de la Santé Jean-Yves Grall, lors de la conférence de presse de présentation de la campagne de vaccination.
Nouvelles cibles
La prise en charge à 100% de la vaccination est étendue cette année à de nouveaux publics: les personnes souffrant d’une pathologie coronarienne (environ 290 000), les femmes enceintes à partir du deuxième trimestre de grossesse et les personnes obèses dont l’indice de masse corporel est supérieur ou égal à 30 (2). « Il est très important de vacciner les femmes enceintes à partir du deuxième trimestre de grossesse », a insisté le Dr Françoise Weber, directrice générale de l’Institut de veille sanitaire. On assiste à une « surmortalité des femmes enceintes et des obèses, portée par le virus A/H1N1 », a-t-elle argué.
Autres publics qui entrent cette année dans le dispositif de prise en charge : les pédiatres, pharmaciens et masseurs-kinésithérapeutes libéraux. Avec leurs collègues médecins, infirmières et sages-femmes, déjà concernés depuis 2010, ce sont, au total, plus de 200 000 professionnels de santé libéraux qui ont ainsi été invités à se vacciner, a indiqué le Dr Catherine Bismuth, directrice des assurés à la Caisse nationale de l’Assurance maladie.
« Rôle d’exemplarité »
« Les professionnels de santé doivent se faire vacciner », a plaidé la secrétaire d’Etat à la Santé, non seulement pour limiter le risque de transmission de la maladie à leurs patients, mais aussi parce qu’ « ils ont un rôle d’exemplarité », a jugé Nora Berra. Pour le Dr Weber, la faible protection des professionnels de santé est « critique », puisqu’ils ne sont qu’entre 25 et 40% à être vaccinés contre la grippe selon les enquêtes, alors qu’il faudrait un taux de couverture vaccinale de 75% pour faire cesser la transmission de la maladie, a-t-elle dit, avant de s’interroger : pourquoi acceptent-ils de se laver les mains plusieurs fois par jour pour protéger leurs patients et pas de se vacciner une fois par an ?
Toutes les personnes ciblées par la campagne ont donc reçu un courrier personnalisé leur expliquant comment bénéficier de la vaccination gratuite. Celles qui ont déjà bénéficié au moins une fois du remboursement de la vaccination antigrippale au cours des trois dernières années ont un accès simplifié à la vaccination (environ 5,5 millions de personnes): à l’exception des femmes enceintes, ces personnes retirent le vaccin directement chez le pharmacien et se font vacciner sans prescription médicale par l’infirmière libérale de leur choix (3).
Couverture vaccinale « en très net recul »
Quant aux "primo-vaccinants" et aux mineurs, ils sont invités à se rendre chez leur médecin traitant pour se faire prescrire la vaccination antigrippale remboursée à 100%. Pour toutes les personnes éligibles à la vaccination gratuite, mais non identifiées par les deux dispositifs précédents, un nouvel imprimé de prise en charge est à disposition des médecins traitants. Il concernera notamment les femmes enceinte et les obèses.
Les pouvoirs publics espèrent que la campagne de vaccination antigrippale 2011-12 aura de meilleurs résultats que la précédente. En effet, alors que l’OMS recommande une couverture vaccinale des populations cibles de 75%, « nous en sommes bien loin », a déploré Nora Berra. « La couverture vaccinale est en très net recul », puisqu’elle est passée de 60,2% en 2009 à 51,8% en 2010, soit une baisse de plus de huit points (4). Interrogée sur le rôle joué à cet égard par la très controversée campagne de vaccination contre la pandémie de grippe A/H1N1 en 2009, Nora Berra a répondu qu’elle ne voyait « pas de lien de causalité », invitant chacun à assumer la « responsabilité individuelle et collective » de se faire vacciner.
« Le prix de trois cafés »…
Pendant la saison 2010-11, 789 cas graves de grippe admis en réanimation ont été signalés en métropole et dans les Antilles-Guyane, la majorité étant infectés par le virus A/H1N1 et n’étant pas vaccinée. Si ces cas graves concernaient essentiellement des sujets de moins de 65 ans, porteurs de facteurs de risque, dont grossesse et obésité, un peu plus de 30% des victimes graves du H1N1 sont de jeunes adultes sans facteur de risque, a observé le Dr Weber. Une population qui n’est donc pas ciblée par la campagne de vaccination et pour laquelle le vaccin n’est pas remboursé. « Mais il n’en coûte que 6,25 euros, soit trois cafés », a lancé Nora Berra, rappelant que « 18% des personnes qui ont développé des formes graves de grippe sont décédées » l’an dernier.
Cécile Almendros
1 - A/California/7/2009 (H1N1), A/Perth/16/2009 (H3N2), B/Brisbane/60/2008.
2 - Ces deux dernières catégories résultent de l’avis du Haut Conseil de la santé publique du 13 juillet 2011.
3 – L’an dernier, près de 850 000 patients ont bénéficié de cette vaccination directe par une infirmière, ce chiffre étant entendu comme un taux plancher dans la mesure où les vaccinations réalisées au cours de séances de soins infirmiers ne sont pas comptabilisables.
4 - Moins 11,5 points pour le sous-groupe des 65-69 ans et moins 14,3 points pour celui des victimes d’ALD.