"Silence, on bosse !" C'est le message de la 8ème édition de la semaine de la santé auditive au travail qui se déroule du 16 au 21 octobre. Organisée par l'association Journée nationale de l'audition (JNA), elle est l'occasion de mettre en avant le bien-être auditif au travail.
« Prévenir les risques, informer le public, les chefs d’entreprise et les instances publiques sur l’audition, c’est le but de l’association JNA, souligne Jean-Luc Puel, son président. La surdité impacte le bon fonctionnement de l’entreprise, elle constitue un risque d’accident du travail, et ne pas entendre, ne pas se comprendre est une source de conflits et de stress. Le bruit impacte la santé en général. Lutter contre le bruit participe à l’amélioration des conditions de travail et des relations entre les individus afin d’évoluer dans une entreprise apaisée. »
Un actif sur deux gêné par le bruit sur son lieu de travailÀ l’occasion de la 8ème édition de la Santé auditive au travail, l’association JNA a présenté les résultats de l’enquête (1) « Bruit, santé auditive et qualité de vie au travail » réalisée par l’IFOP. Elle révèle que 52 % des actifs sont gênés par le bruit et les nuisances sonores sur leur lieu de travail, ce taux atteint 62 % pour l’agglomération parisienne et 64 % pour les ouvriers. En revanche, seuls 6 % estiment que le risque de surdité est le risque estimé le plus inquiétant sur leur lieu de travail. Les risques psycho-sociaux (burn-out, harcèlement, stress) sont ceux qui sont mis le plus en avant (26 %), puis viennent les problèmes visuels -fatigue liée aux écrans, baisse de la vue- et les troubles musculo squelettiques (TMS) à hauteur de 15 %. « La lutte contre le bruit, le bruit au travail est un grand chantier dans les années à venir, estime Robin Réda, président du Conseil national du bruit (CNB) et député de l’Essonne. En effet, le bruit au travail a une incidence sur la vie privée. Il augmente le stress, les maladies cardio-vasculaires et altère le sommeil. Il faut travailler à la prise de conscience collective du bruit et à la notion d’environnement sonore sain comme on parle d’un environnement sain pour la qualité de l’air. C’est une question de bien-être physique et psychique. Nous travaillons d’ailleurs à une campagne nationale à venir sur la prévention du bruit et du bruit au travail. » Au travail, les sources de bruit sont multiples. Le bruit provenant de l’extérieur des locaux est cité en premier pour 20 % des sondés, puis sont cités en premier toujours, la conversation entre collègues (15%), les matériels utilisés (15%), les allers et venues des personnes (12%) ou les conversations téléphoniques ou en visio-conférence (11 %).
Des répercussions sur la santé au quotidienCes conséquences se traduisent de multiples façons : fatigue, lassitude et irritabilité, stress, gêne auditive (diminution momentanée de compréhension de la parole), troubles du sommeil, souffrance psychologique, sifflements, bourdonnements d’oreilles (acouphènes), surdité, hypertension… Près de la moitié des actifs en poste (45 %) déclarent que le bruit au travail a au moins une répercussion pour leurs oreilles sur leur quotidien. Cette proportion est majoritaire chez les moins de 35 ans (52 %), les Franciliens et les actifs du BTP-construction (60 %). Pour Romain Bendavid, directeur Pôle Corporate & Work Experience IFOP, « il y a encore des angles morts car il existe une culture de la prévention dans le secteur du BTP et de l’industrie, mais pas dans les services. Or les populations peu exposées sont gênées, notamment les télétravailleurs. » Dans tous les cas, la prévention est primordiale. Le bruit doit être considéré comme un réel facteur de la santé. Dans cette approche, le rôle des infirmières au travail qui poussent au dépistage est essentiel car l’oreille fait partie de l’équilibre global de la personne. Écoutons-les.
(1) échantillon de 1103 personnes, représentatif de la population française active occupée âgée de 18 ans et plus, grâce à un questionnaire auto-administré en ligne du 12 au 14 septembre.