28/01/2009

Le CHI de Poissy-Saint-Germain-en-Laye touché par une grève illimitée d’une partie de ses personnels soignants

Le centre hospitalier intercommunal de Poissy-Saint-Germain-en-Laye a pris quelques jours d’avance. Alors que se profile jeudi une grande grève de défense du service public, des emplois et des salaires, une partie des personnels soignants du CHI de Poissy-Saint-Germain a entamé lundi une « grève totale et illimitée » pour protester contre des conditions de travail dégradées, le non respect de la réglementation sur le temps de travail et réclamer des embauches de personnels infirmiers.

Deux syndicats –Sud et FO-, qualifiés de « minoritaires » par la direction, sont à l’origine du préavis de grève. Une énième tentative de négociation a tourné court mardi midi. « Le DRH s’est évaporé en nous disant que ce serait à qui se fatiguerait le plus vite et le directeur général s’est sauvé au volant de sa voiture », accuse Martine Kaddachi, de Sud-Santé.

« Ils sont arrivés en bande, investissant à 25 les locaux du directeur général auquel ils s’en sont pris en bloquant sa voiture. Nous ne sommes pas contre le dialogue, mais pas dans ces conditions, limite physiques », rétorque Nicolas Fouque, directeur des ressources humaines du CHI.

Assignations non conformes ?

Le mouvement de grève, précédé de plusieurs autres d’intensité variable depuis fin décembre 2008, concerne principalement les services d’urgence, de réanimation et la maternité du CHI. « La tentative d’étendre le mouvement à l’ensemble de l’établissement en début de semaine n’a pas pris », affirme M. Fouque qui estime à 40 le nombre de grévistes soignants. Un chiffre modeste, mais suffisant reconnaît-il, pour créer de réels problèmes d’organisation pour assurer la continuité et la sécurité des soins.

En effet, selon les syndicats grévistes, les assignations envoyées par la direction de l’établissement ne sont pas conformes à la réglementation ou n’ont tout simplement pas été reçues et, dans ces conditions, plusieurs personnels ont prévenu qu’ils ne se présenteraient pas ce mercredi. « Nous avons alerté la Ddass, le ministère de la Santé, les médias, la directrice des soins adjointe, sans être pris au sérieux », regrette Martine Kaddachi. « En plus, il est demandé aux personnels présents de rester à leur poste tant que personne n’arrive pour les remplacer. On travaille normalement en 12 heures, voire 12h30, là, il y en a qui vont se taper 14 ou 16 heures d’affilée. »

Délestage

Le DRH assure pour sa part que ni la continuité ni la sécurité des soins ne sont pour l’heure menacées du point de vue des patients, mais admet qu’il a fallu mettre en place mercredi à Poissy « un délestage partiel avec réorientation des cas les plus sérieux vers les urgences du site de Saint-Germain ».

« Nous avons les effectifs permettant de tenir l’activité grâce au redéploiement de personnels non grévistes des autres services venus renforcer les urgences. Si nous avions le moindre doute sur la sécurité des soins, nous n’hésiterions pas à demander au préfet de prendre une mesure exceptionnelle de fermeture des urgences », ajoute Nicolas Fouque.

« Mise en danger de la vie d’autrui »

Le DRH tient à souligner que « ne pas répondre à une assignation, c’est non seulement une faute administrative, mais c’est une faute pénale, qui relève de la mise en danger de la vie d’autrui. Je n’ai jamais vu ça », ajoute-t-il. « Il y a de la part de certains personnels une intention délibérée de mettre en danger les patients et c’est assez paradoxal quand on considère le métier de soignant. »

Du côté des grévistes, ces propos scandalisent. Sud rappelle qu’il a tout fait mardi pour alerter les autorités de tutelle sur le risque de rupture de la continuité des soins. Jean-Michel Orsini, infirmier en psychiatrie et représentant du personnel au conseil d’administration du CHI revendique même la solidarité des usagers. « Les gens sont adorables, ils signent tous la pétition, on a déjà plus de 600 signatures. »

« Les infirmières craquent »

« On en a marre de trimer pour rien »
, témoigne Benoît Robles, infirmier de 28 ans aux urgences de Poissy. « On manque de personnel, les collègues sortent en pleurant, les infirmières craquent, la direction fait la chasse au temps de pause alors qu’on travaille en flux tendu, 12h30 d’affilée à la disposition de l’hôpital, on devient des machines à piquer. »

« On en a marre des réunions, on veut du concret : des embauches d’infirmières et le respect du temps de travail », conclut-il.

La DRH se dit, elle, toujours ouverte au dialogue avec des limites tout de même. « Il faut qu’on sorte de cette situation, mais nous ne franchirons pas la ligne rouge concernant le plan de redressement des finances de l’hôpital voté par le conseil d’administration. Ce plan doit appliqué, on ne négociera pas là-dessus. Nous sommes le premier déficit de France avec plus de 35 millions d’euros par an, les autorités de tutelle ne nous laisseront pas continuer de creuser le déficit », insiste Nicolas Fouque.

Les syndicats grévistes quant à eux, espèrent que le mouvement national de jeudi redynamisera celui de Poissy-Saint-Germain. « Si la journée de jeudi est un succès, on envisage de convier les autres hôpitaux de la région à un grand meeting, à Poissy, pour échanger sur nos difficultés et mettre nos forces en commun », annonce Jean-Michel Orsini.

Le Centre hospitalier intercommunal de Poissy-Saint-Germain-en-Laye –plus importante structure hospitalière à l’ouest de Paris- dispose de 1.100 lits ouverts et compte 4.000 professionnels de santé, déployés sur 45 services de soins. Il reçoit en moyenne 1.160 usagers par jour.

C. A.

 

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