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Alors que la journée mondiale du cœur s’est déroulée le 29 septembre, l’Assurance maladie a lancé le 17 septembre une campagne sur l’insuffisance cardiaque qui donne la parole aux patients. En parallèle, elle rappelle la nécessité d’une prise en charge précoce et d’un accompagnement coordonné
« L’insuffisance cardiaque touche aujourd’hui 1,5 million de personnes en France et sa prévalence devrait augmenter de 25 % tous les 4 ans, a rappelé Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de l’Assurance maladie lors d’un point presse le 11 septembre. Cette pathologie cardiaque est la première source d’hospitalisation chez les plus de 65 ans et elle est à l’origine de 70 000 décès par an. » Il est d’ailleurs important de connaître et reconnaître les signes d’alerte : un essoufflement inhabituel, une prise de poids rapide, des œdèmes (pieds et chevilles gonflés), une fatigue excessive. « Nous devons répondre à deux enjeux majeurs : diagnostiquer l’insuffisance le plus rapidement possible, et réaliser un parcours de soin pour vivre le plus longtemps en bonne santé », a-t-elle ajouté.
Pour répondre à ces enjeux, l’Assurance maladie a lancé le 17 septembre la 5e vague d’une campagne de communication initiée en septembre 2022, qui est cette fois destinée aux patients déjà diagnostiqués insuffisants cardiaques. Son objectif est de promouvoir les 4 réflexes EPON à adopter qui permettent de mieux vivre avec la maladie : Exercice physique, Pesée régulière, Observance du traitement, Ne pas manger trop salé. Ainsi Dora, François, Julie et Pascal sont les 4 héros de cette démarche qui donnent leurs « trucs et astuces » pour prendre soin de leur cœur en dédramatisant le sujet.
LA MONTÉE EN CHARGE PROGRESSIVE PLURIPROFESSIONNELLE
« L’insuffisance cardiaque est une urgence publique, a déclaré Philippe Tangre, médecin-conseil du département des pathologies chroniques à la Cnam. On observe une montée en charge progressive du nombre de structures d’exercice coordonné qui s’investissent dans le parcours de soins de l’insuffisance cardiaque (IC). Les CPTS qui ont intégré le parcours de soins IC sont passées de 28 % en 2022 à 41 % en 2023, pour les Maisons de santé polyvalentes (MSP) le chiffre est passé de 28 % à 38 %. Nous avons aussi construit un outil novateur afin de développer des parcours de soins territorialisés et d’améliorer la prise en charge des patients. Il reconstitue dans un bassin populationnel les points de rupture et les écueils majeurs. C’est une façon de consolider le parcours de soin avec tous les acteurs autour de la table. »
Parmi ces acteurs, il a bien sûr le « nouveau métier » de l’infirmier spécialisé en insuffisance cardiaque (Ispic), un modèle développé dans le cadre de l’expérimentation Article 51 des Cellules d’Expertise et de Coordination de l’Insuffisance Cardiaque Sévère (Cecics). « C’est un infirmier sous protocole de coopération IC dont le profil de poste fonctionne dans les établissements hospitaliers, a précisé Philippe Tangre. Demain, dans le cade de la généralisation dans les territoires des Cecics, il faudra baliser avec le ministère les contours de ce nouveau métier. Tout reste à écrire mais on voit que les pièces du puzzle commencent à se mettre en place et cela concourt à une meilleure consolidation et une sécurisation du parcours de soin du patient insuffisant cardiaque. »
DES RÉSULTATS ENCOURAGEANTS
La mobilisation, en partenariat avec les associations de patients, les professionnels de santé, les sociétés savantes et les partenaires institutionnels, commence à porter ses fruits. En effet, d’après une étude de l’Assurance maladie, le recours annuel au cardiologue est passé de 59 % à 62 % entre 2018-2019 et 2021-2022. De plus, la proportion de patients avec une insuffisance cardiaque bénéficiant d’un suivi ambulatoire régulier par une infirmière libérale a progressé de 6 points, de 55 % à 61 %, sur la même période.
Isabel Soubelet