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24/08/2023

Le cursus infirmier abrégé pour les aides-soignants inquiète la profession

Dès 2024, les aides-soignants expérimentés qui souhaitent entamer des études infirmières pourront sauter la première année. Plusieurs organisations infirmières s’opposent à cette réforme, contre laquelle elles ont déposé un recours.

C’est un arrêté qui, bien que diffusé dans la torpeur du mois de juillet, est loin d’être passé inaperçu. « Les aides-soignants disposant d'une expérience professionnelle […] d'au moins trois ans […] peuvent, à la suite d'un parcours spécifique de formation de trois mois, validé, intégrer directement la deuxième année de formation d'infirmier », stipule ce texte. Une modification qui, applicable à la rentrée 2024, est sensée répondre à la pénurie infirmière tout en offrant des perspectives d’évolution aux aides-soignants… mais qui est loin d’être du goût d’un collectif d’organisations infirmières qui ont fait connaître leur intention de déposer contre elle un recours au Conseil d’État.

« Il y a aujourd'hui dans les Ifsi environ 20 % d’étudiants qui sont des aides-soignants, et c’est une très bonne chose, explique Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC), l’une des organisations porteuses de ce recours. Mais depuis la nuit des temps, un aide-soignant qui veut devenir infirmier passe un oral et un écrit et entre en première année. Ceux qui entreraient directement en deuxième année rateraient tous les modules de méthodologie, les fondamentaux de l’enseignement, et ils iraient au casse-pipe. »

Autre grief : cette réforme irait selon le responsable syndical à l’encontre de la montée en compétence souhaitée pour la profession infirmière. « On est dans une situation où l’on est en train de réviser le référentiel de compétences pour permettre aux infirmiers de mieux répondre aux besoins de santé de la population, et en même temps, on décide de supprimer un tiers du temps de formation, s’indigne-t-il. Or le référentiel d’activité d’un aide-soignant n’a rien à voir avec le référentiel de formation en première année d’Ifsi. »

Étudiants et directeurs unis

Du côté des étudiants infirmiers, on se montre également très réservé. « Nous devons encore voter pour savoir si nous nous associons au recours, mais nous avons des inquiétudes concernant l’accompagnement de ces étudiants, explique Manon Morel, présidente de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi). L’arrêté mentionne en effet qu’ils feront l’objet d’un suivi rapproché, or nous avons une pénurie de cadres formateurs au sein des Ifsi. Nous nous demandons comment les moyens pourront être démultipliés, alors que nous n’avons déjà pas de réponse aux besoins que nous faisons valoir actuellement. »

Même du côté des directions d’établissement, qui pourraient pourtant se réjouir de voir s’ouvrir une nouvelle voie pour recruter des infirmiers, c’est le scepticisme qui domine. « Je comprends que les aides-soignants qui rêvent de devenir infirmiers se réjouissent de faire deux ans au lieu de trois, c’est pour eux un gain de temps et d’argent important, constate Danny Forster, directeur d’un Ehpad privé parisien et lui-même ancien aide-soignant. Moi-même, je suis bien placé pour savoir qu’on manque énormément d’infirmiers. Mais cela me ferait peur de savoir qu’auprès des personnes vulnérables, il y a des soignants formés trop rapidement. La pénurie de personnel est un problème qu’on doit résoudre autrement, en rajoutant du personnel pour que les infirmiers se sentent moins épuisés, en revalorisant les salaires pour redonner de l’attractivité… »

C’est pourquoi les organisations infirmières persistent et signent. « En plus du recours au Conseil d’État, nous comptons agir au niveau politique, annonce Thierry Amouroux. Nous avons changé de ministre, et le nouveau peut retirer le texte sans se dédire. Nous espérons qu’il sera plus à l’écoute, et nous comptons bien lui faire comprendre dès le mois de septembre qu’il y a un vrai risque de perte de compétence. »

Les dernières réactions

  • 24/08/2023 à 21:14
    claire
    alerter
    Former plus d'infirmières mais de manière insuffisante n'est pas la bonne solution à mon avis. Comment vont-ils faire pour mettre le contenu de 3 ans d'études dans 2 ans; Un aide soignant diplômé a des connaissances mais qui ne correspondent pas à la première année en IFSI. Une fois de plus on tire vers le bas....

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