Le défi des maladies infectieuses émergentes | Espace Infirmier
 
Le défi des maladies infectieuses émergentes

11/07/2012

Le défi des maladies infectieuses émergentes

Les maladies infectieuses émergentes ne sont pas nouvelles mais l’urbanisation, la mondialisation des échanges ou encore l’intensification des déplacements constituent de nouveaux enjeux. Un rapport du Sénat fait le point sur ces « nouvelles menaces ».

Peste, variole, choléra, grippe espagnole et, plus récemment, Sida, maladie de Lyme, SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), grippe aviaire... l’Humanité a fait face à de nombreuses épidémies. Mais, si ces maladies infectieuses émergentes « ne datent pas d’hier », relève Fabienne Keller, comment faire face à l’apparition – ou la réapparition - de nouvelles menaces ? La sénatrice alsacienne (UMP), membre de la délégation sénatoriale à la prospective, a présenté, mardi 10 juillet, un rapport d’information retraçant l’histoire de ces maladies, responsables de 14 millions de décès chaque année d’après l’OMS, et évoquant les tendances pour demain.

Des maladies d’origine animale

Les maladies infectieuses émergentes désignent les maladies nouvelles au sens strict (par exemple, le Sida), les affections qui n’ont encore jamais été identifiées dans un environnement donné (le virus West Nile aux Etats-Unis), les affections disparues qui réapparaissent (la turbécolose en région parisienne, la peste dans le sud ouest des Etats-Unis) ou dont l’origine est nouvellement décrite (les fièvres hémorragiques dues au virus Ebola). Plus de 330 nouvelles maladies infectieuses ont été découvertes entre 1940 et 2004 ; 60 % sont d’origine animale. Elles représenteraient 43 % des décès dans les pays du Sud, contre 1 % dans les pays industrialisés. Mais, « l'incidence des maladies émergentes dans les pays du Nord a augmenté de 10 à 20% ces quinze dernières années », constate le rapport.

Au-delà du désastre humain, les conséquences sont également économiques : l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) estime que les coûts directs ou indirects engendrés par le paludisme en Afrique s’élèvent à 10 milliards d’euros par an et créé un retard de croissance de 1,3 points.

Scénario « catastrophe »
S’il est impossible de prévoir l’apparation d’une nouvelle maladie, le rapport identifie dix facteurs influant sur la transmission ou la virulence des pathogènes. L’urbanisation croissante figure en tête de liste. Près de la moitié de la population du globe vit dans des villes, parfois dans des conditions sanitaires déplorables. « Autant de viviers pour de potentielles explosions virales », souligne le rapport. Les pratiques agricoles et la modification de l’usage des sols (déforestation, élevage intensif d’animaux,…), le changement climatique, la mondialisation des échanges de biens et de marchandises, l’intensification des déplacements humains, notamment par avion, sont également pointés. Le virus Monkeypox aurait ainsi atteint les Etats-Unis via une cargaison de rongeurs sauvages infectés en provenance du Ghana. Là où il avait fallu des mois, au Moyen Âge, à la peste pour atteindre l’Occident, « si la fièvre jaune apparaissait aujourd’hui à Lagos, au Nigéria, elle mettrait moins d’une journée pour atteindre New-York », relève Fabienne Keller, s’appuyant sur une scénario établi par l’OMS.

Quant au scénario « catastrophe », il impliquerait un virus hautement contagieux, virulent, avec une incubation courte et pour lequel les moyens de prévention et de traitement seraient limités. Des conditions qui n’ont, pour l’instant, pas été réunies. « Le SRAS était très dangereux mais moins facilement transmissible que prévu ; H1N1 était, au contraire, très transmissible mais moins léthale », explique la sénatrice.

Prévenir « l’infodémie »

Face à une préparation que cette dernière qualifie de « faible », dix leviers d’action sont proposés, parmi lesquels : agir sur tous les facteurs d’émergence et de propagation des maladies (mettre en place un système de surveillance planétaire, disposer de laboratoires de références immédiatement mobilisables), favoriser la pluri-disciplinarité, soutenir la recherche sur les vaccins et les thérapeutiques des maladies infectieuses, réduire les inégalités Nord-Sud en termes de santé (81 % des infirmières du Burkina-Faso s’expatrient) et informer pour mobiliser. Sur ce dernier point, les enjeux sont de taille : prévenir « l’infodémie » (propagation de rumeurs) à l’heure d’Internet et ne pas reproduire « l’échec de la campagne de vaccination contre la grippe A(H1n1) », avec une défiance de la population à l’égard des autorités.

Aveline Marques

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