Le délicat traitement du cancer du sein

Avec environ 1,4 millions de nouveaux cas observés dans le monde en 2008 et 458 000 décès, le cancer du sein est le plus répandu chez la femme. En France, les estimations font état d’environ 52 000 nouveaux cas en 2010 et quelque 11 000 décès sont recensés chaque année. Cette pathologie représente 37 % des nouveaux cas de cancers féminins.

Problème de santé publique particulièrement aigu en raison de son incidence, ce cancer est aussi particulier en ce qu’il attaque un organe symbolique représentant tout à la fois la maternité, la sexualité et la féminité. « Toute atteinte (au niveau du sein, NDLR) est source d’inquiétude pour la patiente et pour son partenaire », a observé le Pr Marc Espié, directeur du Centre des maladies du sein de l’hôpital Saint-Louis (AP-HP) lors d’une conférence de presse de présentation des 14e Journées de sénologie interactive qu’il co-préside et qui se dérouleront les 22 et 23 septembre à Paris (1).

Renforcer les traitements personnalisés
De nombreuses disparités existent dans la prise en charge des femmes atteintes de cette pathologie. Le but des Journées est donc de permettre aux intervenants de discuter des pratiques actuelles, de leurs améliorations éventuelles, des avancées scientifiques, des techniques opératoires et, par là même, du perfectionnement de la prise en charge des femmes malades. Le Dr Caroline Cuvier évoquera par exemple les critères modernes de décision relative aux traitements adjuvants systémiques du cancer du sein. Ces traitements – chimiothérapie, hormonothérapie et trastuzumab (2) – prescrits après la chirurgie du sein et du creux axillaire, visent à éradiquer des cellules cancéreuses résiduelles, indétectables, susceptibles de générer une récidive locale. Les traitements du cancer du sein non métastatique et métastatique seront également abordés.

Pour le Pr Espié, des objectifs restent à atteindre dans la prise en charge de cette maladie. Parmi eux : veiller à ne traiter que les femmes qui le nécessitent vraiment, adapter les traitements aux caractéristiques propres de chaque tumeur de chaque femme, réduire l’agressivité des traitements sans réduire leur efficacité ou encore améliorer les traitements d’accompagnement et privilégier les relations humaines.

Traumatisme psychique
Le Centre des maladies du sein, qui assure environ 12 000 consultations par an et reçoit 1 200 nouvelles patientes chaque année, accorde une place prépondérante à la qualité de vie des femmes atteintes de ce cancer. « Quand une femme a eu un cancer du sein, sa vie ne redevient jamais comme avant, en raison du traumatisme psychique lié au diagnostic », rapporte le Pr André Gorins, co-président des Journées. Les femmes, désemparées, ont besoin d’oreilles attentives afin d’aborder notamment leur vie sexuelle, la fécondité ou la fertilité. Et le Pr Gorins d’ajouter : « L’écoute de nos patientes, dans le cadre de collaborations multidisciplinaires, reste un facteur fondamental dans notre schéma de réhabilitation. » Cette écoute indispensable, le suivi des patientes et la vie après le cancer sont autant de sujets qui seront évoqués lors des Journées.

Laure Martin
Photo: detailblick - Fotolia.com

1- XIVe Journées de sénologie interactive, jeudi 22 et vendredi 23 septembre au Pavillon Dauphine, Paris 16e.
2- Egalement couramment appelé herceptine. Il s’agit d’un anticorps monoclonal recombinant utilisé comme médicament anti-cancéreux dans certaines formes de cancer du sein.