Le diabète pèse sur l'emploi

Métiers interdits, freins à l’embauche, licenciements pour inaptitude, refus de promotion, voire « placardisation », le risque d’exclusion de l’emploi reste une épée de Damoclès pour les patients diabétiques. C’est, en tout cas, le constat alarmant de l’Association française des diabétiques (AFD), qui a rendu public, ce mercredi 14 novembre, un premier livre blanc consacré au diabète et au travail.

« Législation obsolète »

« Nous voulons pointer du doigt une législation souvent obsolète et changer les idées reçues sur l’aptitude professionnelle des personnes atteintes de diabète », a précisé le président de l’AFD, Gérard Raymond, au cours d’une table-ronde organisée à cette occasion.

Ce sont surtout les risques d’hypoglycémie et les malaises conséquents qui ont été, pendant longtemps, la base des restrictions professionnelles pour les personnes diabétiques. « Avec les progrès thérapeutiques et techniques, les hypoglycémies sévères sont pourtant rarissimes », a souligné Jean-Pierre Riveline, diabétologue au centre hospitalier Sud-Francilien (Essonne). D’une part, les nouveaux traitements médicamenteux sont plutôt anti-hyperglycémiants qu’hypoglycémiants. D’autre part, les progrès de l’auto-surveillance glycémique permettent de prévenir efficacement le risque de déséquilibre et d’hypoglycémie.

Inaptitude

Pour autant, nombreux sont les témoignages de personnes diabétiques qui vivent des situations de discrimination professionnelle, aussi bien dans le secteur privé que public. Iris, diabétique insulino-dépendante et infirmière titulaire dans un service de réanimation de l’AP-HP, a raconté une histoire édifiante. « A l’occasion de ma demande de mutation, le médecin du travail a prononcé un avis d’inaptitude pour le poste aux urgences que je convoitais, a-t-elle expliqué. J’ai, depuis, abandonné toute idée de mutation ou de formation. » Traité grâce à une pompe à insuline, le diabète d’Iris est pourtant parfaitement équilibré. Bouleversée par cette décision, Iris a engagé une bataille judiciaire pour faire tomber cet avis d’inaptitude. Le cas d’Iris est loin d’être une exception au sein de la fonction publique hospitalière. L’AFD a été saisie de plusieurs cas de soignants, qui se sont vu refuser une titularisation au seul motif de leur diabète.

Dans son livre blanc remis aux parlementaires, l’association préconise un certain nombre de modifications des textes relatifs à l’aptitude physique pour plusieurs corps de métier de la fonction publique. S’adressant aussi aux professionnels de santé au travail, elle propose de nouvelles grilles d’analyse pour évaluer l’aptitude au poste de travail, afin que le principe de précaution ne soit plus utilisé systématiquement pour les patients diabétiques.

Joëlle Maraschin