Le double combat d’Aline Duchemin

21/06/2012

Le double combat d’Aline Duchemin

Atteinte d’un cancer, cette infirmière de 42 ans se bat pour recouvrer ses droits aux indemnités journalières d’assurance maladie.

C’est une double peine pour Aline Duchemin. En octobre 2010, cette maman de quatre enfants apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Dans l’urgence, elle subit une ablation totale du sein. En avril 2011, en pleine radiothérapie, elle reçoit un courrier de l’assurance maladie : elle n’a désormais plus droit aux indemnités journalières. Aline Duchemin, 42 ans, est pourtant infirmière depuis plus de vingt ans, en poste à l’hôpital de Roanne (Loire) depuis 1996. Mais, à la naissance de son quatrième enfant, en 2007, elle a pris un congé parental d’éducation (CPE) de trois ans, abrégé pour intégrer, en mars 2010, un établissement privé pour personnes âgées. L’infirmière a accumulé 1 017 heures de travail en six mois et demi, entre sa reprise et son arrêt maladie. Or, selon le Code de la Sécurité sociale, elle aurait dû travailler 800 heures pendant l’année écoulée, dont 200 heures le premier trimestre, pour bénéficier d’indemnités au-delà de six mois d’arrêt de travail. L’infirmière ne peut pas justifier de ces 200 heures de travail : elle était encore en congé parental.

Déboutée
La mère de famille multiplie les recours, jusqu’à saisir le tribunal des affaires de Sécurité sociale, qui l’a déboutée, le 15 mars. Une décision dont elle a fait appel. « On ne peut pas tomber dans la précarité parce qu’on est malade ! », dénonce -t-elle, obligée, aujourd’hui, de vivre avec l’argent mis de côté pour les études de ses enfants. « On a acheté une maison il y a cinq ans, raconte-t-elle, indignée, mais nullement résignée. Heureusement qu’on avait pris une assurance, sinon on aurait déjà dû la vendre. » Battante et déterminée, elle veut « aller jusqu’au bout » pour recouvrer ses indemnités et mieux faire connaître leurs droits aux mamans qui partent en congé parental. En effet, les droits acquis avant le CPE peuvent être retrouvés…, sauf cas particuliers, comme une démission pendant ou à l’issue du CPE, ou un changement de régime. Deux limites franchies par la Roannaise.
Au-delà de son combat personnel, Aline Duchemin tente surtout, via une pétition (plus de 2670 signatures) et un groupe Facebook (1654 membres) d’interpeller les élus pour faire changer la réglementation, car son cas n’est pas isolé. « Nous avons déjà été contactés à plusieurs reprises par des femmes en situation similaire », constate Véronique Kornmann, chargée de mission droits des personnes à la Ligue contre le cancer. On compte aussi un nombre croissant de précaires qui ne travaillent plus assez au regard du Code de la sécurité sociale et perdent leurs droits aux prestations en espèces. Le conseil de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de la Loire, entre autres, demande, lui aussi, une évolution de la réglementation pour ne pas laisser sans indemnités des malades qui ont pourtant cotisé.
En décembre, Aline Duchemin a été réopérée. Elle est à nouveau en traitement de chimiothérapie. Contre la double injustice qu’elle subit, elle en appelle au respect de la loi du 4 mars 2002. « La personne malade a droit au respect de sa dignité », cite-t-elle.

Texte et photo : Sandra Jégu

 

(Article paru dans l'Infirmière magazine du 15 juin)

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