Le métier d’infirmière sur le bûcher

18/05/2011

Le métier d’infirmière sur le bûcher

A l’occasion de la Journée internationale de l’infirmière, célébrée le 12 mai, la CNI appelait à des actions locales. Exemple à Marseille, où les manifestants ont incendié un mannequin pour représenter « la mort de la condition infirmière ».

Dénoncer le malaise qui pèse sur la profession (1) en menant des actions locales, voilà comment la Coordination nationale infirmière (CNI) a marqué la journée du 12 mai. Répondant à cet appel à la grève, un groupe d’IDE marseillaises a montré le marasme ambiant en brûlant un mannequin vêtu d’une blouse verte.

Piqué d’une seringue en carton sur laquelle le mot « mensonge » était inscrit, le pantin a pris feu en fin de matinée devant l’hôpital de la Timone, à Marseille. Autour de la scène, huit infirmières observaient cette mise à mort symbolique, le regard triste (2). Certaines avaient même posé genou à terre, tandis qu’une banderole  pointait des « IDE maltraitées pour des salaires au rabais ». Dans la troupe, Valérie Hellbois, infirmière anesthésiste et cadre de santé : « C’est le feu ! On nous demande de faire des heures supplémentaires en permanence ! », fulminait-elle.

A les écouter, l’exaspération des infirmières provient aussi du « droit d’option » qui instaure, de fait, deux statuts différents pour des professionnels disposant d’un même diplôme…  « Ce choix entre la catégorie A ou B nous a été imposé, mais il est très injuste, s’indigne Eric Audouy, vice-président de la CNI. Choisir la catégorie A, par exemple, revient à perdre sur la retraite pour gagner en salaire. » Et inversement pour l’autre option. « Ce qu’on nous donne d’un côté, on nous le reprend de l’autre », s’agace Josy Calas, IDE aux urgences de la Timone, avant de pointer la question de la pénibilité : « Regardez les marques sur mon bras ! Une mamie un peu démente m’a fait cela hier. Ce n’est pas de la pénibilité ça ? »

Sentiment de défiance
Le discours de Nicolas Sarkozy, en 2007, faisant l’éloge de ces « héroïnes du quotidien », laisse un souvenir amer. D’où, ce 12 mai à Marseille, un masque à l’effigie du président de la République, au milieu des quelques manifestantes, et une pancarte rappelant les promesses élyséennes. Dans une lettre adressée au chef de l’Etat, la CNI réclame : « Un plan d’urgence, une véritable revalorisation salariale, la reconnaissance de la pénibilité du métier, l’augmentation de la prime week-end et l’instauration de bourses et de droits pour les étudiants infirmiers. »

La mobilisation des infirmières reste cependant très faible. A Marseille, selon la direction de l’Assistance publique, elles étaient 3,14% à s’être déclarées grévistes, mais  - en raison des réquisitions de personnels - elles n’étaient plus que 0,25% à participer. « Elles sont résignées, se désole Josy Calas. Je pars à la retraite en fin d’année mais j’ai toujours rêvé de retrouver les mobilisations de 1988 ! Nous n’avions pas eu gain de cause, mais il y avait au moins eu quelques améliorations. »

Texte et photo: Marjolaine Dihl

1 – Voir à cet égard les résultats de l’enquête publiée début mai par la CFDT Santé Sociaux sur les conditions de vie au travail des soignants d’établissements publics de santé et en particulier le focus sur les infirmières.
2 - Elles étaient « trente au plus fort de la mobilisation », selon les organisateurs.

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