Une récente étude dresse un état des lieux de la contamination à laquelle sont exposés les enfants âgés de six mois à six ans.
Le plomb est toujours bien présent dans nos habitations et reste une menace pour la santé des enfants. C’est ce que démontre une étude, menée par le Centre scientifique et technique du batiment (CSTB) et l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) et qui vient d’être publiée dans la revue Environmental research. Entre octobre 2008 et août 2009, 484 foyers représentatifs ont été passés au peigne fin par les chercheurs : concentration dans l’eau du robinet, la poussière, la peinture et à l’extérieur, notamment dans les parties communes et les aires de jeux. Les résultats ont été extrapolés aux 3,6 millions d’habitations abritant au moins un enfant de six mois à six ans. Objectif : dresser un état des lieux de la contamination à laquelle sont exposés les jeunes Français.
Les enfants sont, en effet, avec les femmes enceintes et les nourrissons, les plus exposés au risque de saturnisme*, notamment parce qu’ils portent tout à leur bouche et que leur coefficient d’absorption digestive du plomb est cinq fois plus élevé que celui d’un adulte. En 2009, l’Institut de veille sanitaire (InVS) avait chiffré à 4 400 le nombre d’enfants atteints de cette maladie en France ; ils étaient 84 000, en 1995.
Mais, soulignent les chercheurs du EHESP et du CSTB, les effets nefastes sur la santé peuvent apparaître en deça d’une concentration de 100 µg par litre de sang, seuil du saturnisme infantile.
La peinture au plomb encore bien présente
L’étude de l’EHESP et du CSTB montre qu’environ 105 000 logements abritant des enfants présenteraient une concentration de plomb dans l’eau du robinet supérieure à 10 µg/litre (et jusqu’à 74 µg/litre), la valeur maximale fixée par la commission européenne à compter du 1er janvier 2013 (contre 25 µg/litre à ce jour). Quant aux poussières déposées au sol, dans 7 500 habitations et 45 000 parties communes, la concentration en plomb est supérieure aux recommandations fédérales américaines (430 µg/m2). 37 000 espaces de plein air présentent une teneur en plomb supérieure au seuil en vigueur aux Etats-Unis pour la terre (400 mg/kg). Les plus fortes concentrations sont observées dans les villes, en particulier les grandes agglomérations.
Une contamination liée notamment à la présence de peintures au plomb : 878 000 logements en contiendraient encore une quantité supérieure ou égale à 1 mg/cm2, dont près de 170 000 dans un état dégradé pouvant exposer les enfants. Et ce, même dans des logements construits après 1949, année de l’interdiction de l’utilisation de la peinture au plomnb, et jusqu’en 1974.
Aveline Marques
*Le saturnisme est une intoxication aigüe ou chronique, professionnelle ou domestique, par le plomb, ses vapeurs ou ses sels, qui pénètrent dans l’organisme, principalement par voie digestive ou respiratoire.
(Lire aussi l’article « Questions sur : le saturnisme » à paraître dans L’Infirmière magazine du 15 juillet)