Selon le Baromètre Appel médical des salaires de la santé, les infirmières ont gagné, en moyenne, 2 155 euros brut par mois en 2012. Une hausse de 1 % par rapport à 2011, inférieure à l’inflation. En cause, une activité moins pénurique que par le passé.
Tout ce qui est rare est cher. Cette maxime s’applique également aux professionnels de santé. Selon le deuxième Baromètre du cabinet de recrutement en intérim Appel médical, dévoilé fin mai, la rémunération des infirmières n’a que faiblement augmenté en 2012.
Leur salaire moyen, calculé à partir de l’analyse de plus de 130 000 fiches de paie d’intérimaires (1), a été estimé à 2 155 euros brut. C’est 1 % de plus qu’en 2011, « alors que l’inflation en France a progressé de 2 % en 2012 », souligne Christophe Bougeard, directeur général d’Appel médical. Les soignantes ont donc perdu en pouvoir d’achat, contrairement aux préparateurs en pharmacie ou encore aux ASH, qui ont bénéficié d’une hausse de salaire respective de 3,7 % et 2,77 % en 2012.
Les Iade en tête
Avec 2 291 euros brut en moyenne, les infirmières lorraines sont les mieux payées, tandis que les soignantes du Nord-Pas-de-Calais enregistrent les rémunérations les plus faibles (2 066 euros). Les IDE travaillant dans le secteur associatif arrivent en tête, touchant 2 294 euros brut (-0,6 % par rapport à 2011), contre 2 126 euros brut dans le privé (+1,4 %) et 2 094 euros brut dans le public (+1,5 %).
Quant aux Ibode, leur salaire moyen a été évalué à 3 109 euros brut en 2012, en baisse de 0,06 % par rapport à l’année précédente. Les Iade tirent leur épingle du jeu avec un salaire brut moyen de 3 805 euros les classant en tête du baromètre, devant les docteurs en pharmacie (3 319 euros), et ce malgré une hausse modérée (+1,3 %) par rapport à 2011.
Moindre pénurie
Si le salaire des infirmières n’a que faiblement augmenté en 2012, c’est parce que la pénurie a été moins forte. « 2012 est une année à part, estime Christophe Bougeard. Il y a eu beaucoup moins de tension sur le marché de l’emploi infirmier. » Deux facteurs se sont conjugués : la sortie d’Ifsi, à trois mois d’intervalle, de près de 44 000 nouvelles diplômées issues de la dernière promotion de l’ancien programme et de la première promotion de la réforme LMD ; et la tendance des hôpitaux « à réduire les recrutements et les remplacements de personnels, notamment dans le secteur public », relève le directeur général. En bref, la loi de l’offre et de la demande n’a pas joué en faveur des soignantes.
Polyvalence
Les Ibode souffrent particulièrement de cette baisse d’activité. « La crise affecte les cliniques. Les gens préfèrent reporter les interventions non urgentes, ou se tournent vers le secteur public », développe le directeur. Quant à l’hôpital public, il joue la carte de la polyvalence, en faisant appel à des IDE. « Pour les Ibode, une alternative existe, mais pas pour les Iade. » La spécialité, de grade master, reste très demandée. Certains établissements en quête de remplaçants n’hésiteraient pas à gonfler les salaires, notamment dans les zones urbaines.
Pour voir repartir à la hausse leur pouvoir d’achat, la majorité des soignantes devront patienter. « La reprise est lente, prévient Christophe Bougeard. 2013 sera une année de stabilité des salaires. »
Texte: Aveline Marques
Infographie: Franck Lhermitte
1- Les données concernent la rémunération brute des intérimaires, hors indemnités de congés payés et de fin de mission (10 %). Ces derniers étant payés au même niveau que les permanents (avec ancienneté et primes dimanche, nuit, etc.), le baromètre se veut représentatif. Christophe Bougeard précise, toutefois, que l'ancienneté de certaines intérimaires, notamment les Iade, et l'activité de bloc soutenue en Ile-de-France tirent les moyennes vers le haut.
D'après L'Infirmière magazine n°325, daté du 15 juin.