Le prix Nobel de physiologie et médecine 2008 a été attribué ce lundi aux Français Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi pour la découverte du VIH et à l'Allemand Harald zur Hausen pour la découverte du lien entre le papillomavirus (HPV) et le cancer du col de l'utérus.
Cela faisait plus d’un quart de siècle que le Prix Nobel de médecine se dérobait aux chercheurs français, depuis que Jean Dausset l’avait reçu, en 1980. Le prix s'élève à 10 millions de couronnes suédoises, soit un peu plus d’un million d’euros, dont la moitié revient à Harald zur Hausen, un quart à Luc Montagnier et un quart à Françoise Barré-Sinoussi.
Luc Montagnier, âgé de 76 ans, est président de la Fondation mondiale pour la recherche et la prévention du sida à Paris. Françoise Barré-Sinoussi, âgée de 61 ans, dirige l'unité "Régulation des infections rétrovirales" à l'Institut Pasteur à Paris et est par ailleurs membre du conseil d’administration de l’association Sidaction depuis 2005.
Alors que le premier cas de sida (syndrome d'immunodéficience acquise) a été décrit par des médecins américains en 1981 et que rapidement on s'est aperçu qu'il s'agissait d'une épidémie, l'équipe de Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi dans l'unité d'"Oncologie virale" de l'Institut Pasteur a travaillé à l'identification du virus, rappelle l'Académie Nobel dans un communiqué. L'Académie Nobel ne fait pas état de la polémique sur l'antériorité de la découverte entre l'équipe française du Pr. Montagnier et l'équipe américaine de Robert Gallo qui a duré de nombreuses années, sur fond de bataille judiciaire pour les droits des brevets sur les tests VIH.
Sitôt le nouvelle connue, le Président de la République a adressé, en son nom propre et en celui de la Nation tout entière, ses plus vives félicitations aux lauréats de ce prix prestigieux, à l’Institut Pasteur et à l’INSERM. « Ce prix Nobel honore l’ensemble de la médecine et de la recherche biomédicale françaises et européennes. Il est un encouragement à poursuivre les réformes favorisant l’excellence et l’innovation dans le domaine de la recherche », indique l’Elysée dans son communiqué.
Pour leur part, le Conseil d’Administration, les comités d’experts, toute l’équipe et les bénévoles de Sidaction ont félicité dans un communiqué Françoise Barré-Sinoussi, administratrice de l’association, se disant « très fiers ». « L’engagement du professeur Barré-Sinoussi dans la lutte contre le sida, au-delà de son excellence dans le domaine de la recherche, marque aussi le souci des meilleures équipes de recherche d’être à l’écoute des séropositifs et des malades du sida, et aux côtés des équipes soignantes, comme le marque sa présence à Sidaction », peut-on lire dans le communiqué.
Née à Paris en 1947, Françoise Barré-Sinoussi a été chercheur à l’INSERM en 1975 avant de rejoindre l’Institut Pasteur en 1988, où elle est directrice de l’Unité « Régulation des Infections Rétrovirales » au département de Virologie. Dès la création de Sidaction en 1994, Françoise Barré-Sinoussi et ses équipes ont reçu le soutien financier de l’association notamment pour ses travaux de recherche sur la régulationde l’infection par le VIH chez l’hôte afin d’élaborer de nouvelles stratégies thérapeutiques et vaccinales. Elle a été récompensée par plusieurs prix et a été promue au grade d’Officier de la Légion d’honneur en 2006, rappelle Sidaction dans son communiqué.
Le VIH infecte plus de 33 millions de personnes dans le monde et quelque 25 millions de personnes en sont décédées depuis le début de la pandémie. Une récente étude publiée dans Nature situe l’origine du VIH-1 à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (ex-Congo belge), au début du XXème siècle, vraisemblablement entre 1902 et 1921.
L’autre héros du jour, Harald zur Hausen, âgé de 72 ans, travaille au Centre de recherche sur le cancer allemand d'Heidelberg. Il est à l'origine de la découverte du lien entre HVP et cancer du col, découverte dont l'application la plus récente est la commercialisation de vaccins contre HPV pour la protection contre ce cancer féminin.
Le cancer du col est le second cancer de la femme dans le monde, touchant 500.000 femmes chaque année, surtout dans les pays en développement, et causant 250.000 décès.
C. A. (avec APM)