Le projet territorial de santé mentale, un outil de diagnostic partagé | Espace Infirmier
 
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13/06/2024

Le projet territorial de santé mentale, un outil de diagnostic partagé

L’Agence Régionale de Santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d’Azur a organisé le 5 juin une journée régionale consacrée aux Projets territoriaux de santé mentale (PTSM). L’occasion de rappeler la nécessité d’une analyse transversale en santé mentale, l’implication des patients, et de mettre en avant des exemples de terrain.

Lors d’une journée organisée par l’ARS Paca, les professionnels en santé mentale de la région ont montré l’intérêt des Projets territoriaux en santé mentale (PTSM) dont les plus anciens touchent à leur fin. Cette initiative a été menée en même temps que la venue dans la Région de la délégation ministérielle à la santé mentale et à la psychiatrie (DMSMP) dans le cadre d’un tour de France des PTSM. « La santé mentale fait partie des préoccupations de tous, a déclaré en ouverture Sébastien Debaumont, directeur général par intérim de l’ARS Paca. Les PTSM sont un levier de transformation sur les territoires et un outil de changement qui apporte de la transversalité. Depuis le début nous y croyons. Nous avons financé des postes de coordinateurs et nous avons dispensé la formation aux premiers secours en santé mentale (PSSM) aux personnels de l’ARS. » Introduits par la loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016, les PTSM marquent un tournant dans la politique de santé mentale en France. Elle est aujourd’hui conçue comme une action globale et transversale qui comprend des actions de prévention et de dépistage précoce, de diagnostic, de soins, de réadaptation et de réinsertion sociale où tous les acteurs sont associés. Ceux du soin bien sûr, mais aussi du logement, du travail, de l’inclusion, de la citoyenneté… « En matière de santé mentale, la psychiatrie a un rôle à jouer mais elle n’est pas seule, a réaffirmé Stéphanie Lafont Rapanouil, cheffe de Projet Animation Territoriale en Santé Mentale à la DMSMP. Le PTSM est un objet bizarre qui permet de se rencontrer de manière élargie, de privilégier l’implication des patients, d’adapter les meilleures réponses aux besoins du terrain. Tout cela nécessite un diagnostic partagé, un plan d’actions et une analyse transversale. Cette ambition est en partie réalisée alors que les premiers PTSM sont en cours d’évaluation mais une des grandes difficultés c’est l’accès aux soins, au logement, au travail. Il va falloir prendre toutes les bonnes idées des intelligences collectives locales. Et cela dans un contexte où la santé mentale de la population s’est dégradée. La psychiatrie ne peut tout faire, il faut l’implication de tous. »

Favoriser les liens ville-hôpital

Lors d’une table-ronde en début d’après-midi sur l’accès aux soins de proximité en santé mentale, des expériences de la Région ont été présentées comme le dispositif ASMA. Ce dernier est dédié à l’amélioration de la prise en charge psychique, après une tentative de suicide, et de prévention du risque de récidive suicidaire chez les jeunes adolescents. Les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) n’ont pas toutes forcément un parcours en santé mentale. À Marseille dans les 14ème,15ème et 16èmearrondissements, la CPTS Actes Santé a fait preuve d’innovation. « Nous avons créé un partenariat avec le Centre Hospitalier Edouard Toulouse, souligne Marion Valancia Guilhem, vice-présidente de la CPTS Actes Santé, référente du parcours en santé mentale de la CPTS et infirmière libérale. Nous nous sommes tous mis ensemble autour de la table, les professionnels hospitaliers et les professionnels libéraux de la CPTS. Nous avons réfléchi à plusieurs et cela nous a permis de mettre en place des outils qui ont du sens. Nous travaillons ensemble depuis trois ans et nous avançons. Nous avons un manque cruel de psychiatres et les infirmières sont confrontées à la difficulté de renouvellement des ordonnances. Très concrètement, nous avons créé un formulaire envoyé au Centre médico-psychologique (CMP) et à la pharmacie référente afin d’éviter des ruptures de traitement. Nous nous rencontrons aussi un fois par mois à la CPTS ou à l’hôpital. » Ce projet de santé mentale est un bel exemple des bénéfices d’une collaboration ville-hôpital. Il permet l’amélioration de la prise en charge du patient atteint de troubles psychiatriques, d’améliorer l’organisation du parcours pluriprofessionnel autour du patient psychiatrique en partenariat avec le CH Edouard Toulouse, d’améliorer la transmission d’information ville-hôpital, de réduire les hospitalisations aux urgences psychiatriques en cas de crises ou de décompensation…De son côté, Béatrice Peter, cadre supérieur de santé au CH Edouard Toulouse estime que « nous avons montré que mélanger l’hôpital public et le privé, cela avait du sens pour l’usager et un intérêt pour les CMP. Cela n’a pas été facile au départ mais nous avons pris le temps de travailler ensemble. Nous avons d’ailleurs créé une équipe mobile de soins intensifs il y a un an et demi. Il faut vraiment faire le lien entre l’hôpital, l’ambulatoire et les soins privés. La complémentarité fait la richesse et nous sommes là pour l’usager. »

Isabel Soubelet

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