À l'heure où de plus en plus d'acteurs de la lutte contre le sida déplorent des baisses de subventions, un réseau marseillais s'inquiète pour sa survie.
La pilule passe mal. Depuis le mois de juillet, la Fédération des réseaux ville-hôpital a dû revoir ses ambitions à la baisse en matière de lutte contre le sida. Pour cause: le réseau Mistral qu'elle a lancé en 2007 a «subi une baisse drastique de ses subventions, soit 30.000 euros sur 110.000 euros au total, déplore la coordinatrice administrative Maryse Philibert. Et l'année prochaine, elle chutera de 50.000 euros car notre convention avec l'Urcam [l'union régionale des caisses d'assurance maladie, désormais intégrée à l'agence régionale de santé] n'a été renouvelée que pour un an, soit jusqu'au 30 juin 2011.» Après cette date, c'est donc l'incertitude.
Créé pour coordonner la prise en charge médico-sociale des personnes infectées par le VIH-sida sur Marseille, à travers différents dispositifs (consultations de nutrition, aide psychologique, éducation thérapeutique, prises en charge financières diverses) et dispenser des sessions de formation continue sur le VIH en direction des professionnels, le réseau Mistral s'interroge sur le devenir des patients qu'il accompagne actuellement.
Nouvelles priorités de santé
L'ARS a non seulement cessé de le soutenir au titre du Fonds d'intervention pour la qualité et la coordination des soins (Fiqcs) mais elle a aussi arrêté de financer l'éducation thérapeutique des patients (ETP) que le réseau conduisait jusqu'à cet été à l'aide d'une subvention spécifique (1).
«La politique de financement des réseaux a fait l'objet de nouvelles orientations autour d'un nombre plus concentrés de priorités», explique le directeur général de l'ARS de la région Paca dans un courrier daté du 27 mai. La axes concernés sont la cancérologie, la périnatologie, les soins palliatifs et les personnes âgées. «Cela ne signifie pas que les autres thèmes sont moins importants, ajoute Martine Riffard-Voilque, chargée de la direction Patients, offre de soins et autonomie à l'ARS. Mais ils ne nécessitent pas un travail en réseau» et, de ce fait, d'un financement via le Fiqcs.
Par ailleurs, l'ARS pointe des «dysfonctionnements de la coordination» au sein du réseau Mistral. Ce qui a aussi pu peser dans ses décisions. De quoi agacer Maryse Philibert qui rappelle que «l'évaluation à laquelle le réseau a été soumis ne s'est déroulée que sur un an. Cela biaise le résultat».
À suivre en 2011
Sa seule porte de sortie réside donc dans la nouvelle stratégie des services déconcentrés du ministère de la Santé. «Désormais, nous concluons des contrats, détaille Martine Riffard-Voilque. Les porteurs de projets seront liés par des contrats.» Reste que pour l'heure les cahiers des charges de ces futurs appels à projets sont encore à l'étude. «Nous en saurons plus à partir de 2011», poursuit la directrice.
«Avec la création de l'ARS et le système d'appels d'offres, on nous explique que l'objectif est de former des réseaux d'envergure régionale, commente Maryse Philibert. Mais que se passe-t-il entretemps? Pourquoi ne pas permettre aux réseaux existants d'assurer une transition? Que deviennent les patients?»
C'est également la question que pose le Collectif du refus, qui regroupe neuf organisations marseillaises (dont le réseau Mistral). Dans un courrier du 28 juin adressé à l'ARS il dénonce en effet une «baisse drastique des crédits alloués à la lutte contre le VIH sur les trois dernières années».
Marjolaine Dihl
1- L'éducation thérapeutique du réseau Mistral est assurée par une infirmière. Elle devrait se poursuivre cette année encore grâce aux ressources propres de la Fédération des réseaux ville–hôpital de Marseille.