Faute d’éléments suffisants sur le redressement comptable du Grand conseil de la mutualité (GCM), le tribunal de grande instance de Marseille renvoie l’affaire au 26 juin. Personnels et usagers ne s’entendent pas avec la direction sur les solutions à envisager.
« Grand conseil démission ! » Parmi les centaines de manifestants réunis ce mardi 12 juin, devant le tribunal de grande instance de Marseille, les mots à l’encontre de la direction du réseau mutualiste provençal se font de plus en plus durs. Toujours pas d’apaisement, donc, dans cette procédure de redressement judiciaire. D’autant que l’audience s’est conclue par un renvoi au 26 juin. « Le juge attend le rapport de l’Igas (ndlr : Inspection générale des affaires sociales), explique Hélène Honde, déléguée CGT. Le directeur de l’ARS a promis de faire en sorte d’accélérer les choses. » Pas sûr que ce nouveau délai facilite le dialogue entre les différentes parties prenantes. En effet, deux logiques s’affrontent concernant les solutions à fournir pour apurer les dettes de ce réseau de soin, qui compte onze centres de santé et une clinique, et emploie 1 200 salariés.
« Ce réseau accueille 200 000 personnes par an »
Principal point d’achoppement : la direction du Grand conseil de la mutualité (GCM) envisage de céder une partie de ses activités et la vente de sa clinique de Bonneveine (Marseille). A cela s’ajoute la récente décision du conseil d’administration de passer à la tarification à l’acte pour les médecins généralistes du réseau. Pour les usagers, rassemblés en comités de soutien, c’est l’incompréhension. « Moi, ça fait 45 ans que je vais aux mutuelles. Ca ne doit pas fermer », s’époumone Chantal. « Nous nous sentons trahis par le mouvement mutualiste, soupire le Dr Philippe Gallichet, retraité après 35 ans au service du la mutualité. Ce réseau a fait ses preuves depuis des années. C’est lui qui a mis au jour le scandale de l’amiante. Il défend aussi l’égalité d’accès aux soins. » Même son de cloche pour Marie-Françoise Palloix, conseillère municipale marseillaise (PCF) : « Il me semble que l’on n’a pas tout essayé. Ce réseau est important, il accueille près de 200 000 personnes par an. Ce qui représente environ 1 million d’actes », insiste l’élue. Avant d’évoquer la table ronde qui s’est tenue le jeudi 7 juin à l’ARS, sur demande de la nouvelle ministre de la Santé, Marisol Touraine : « Le directeur général de l’ARS a changé d’attitude. De plus, toutes les collectivités concernées étaient représentées. » Plusieurs d'entre elles se sont dit prêtes à apporter une aide financière aux structures de soins du GCM, dans la mesure où il y aurait une contribution de l'Etat.
Alternatives ?
De quoi trouver un terrain d’entente ? Pas sûr… Moins enthousiaste, Frédéric Vigouroux, maire (PS) de Miramas (13), s’étonne en effet des décisions prises par le GCM, malgré les échanges du 7 juin. « La procédure de liquidation d’une partie des activités du GCM semble continuer or, le réseau mutualiste comble dans bien des endroits des déserts médicaux, se désole ce dernier. L’Etat doit jouer son rôle d’arbitre. » Pour sa part, la sénatrice (PCF) Isabelle Pasquet espère modifier la législation, selon elle défavorable aux centres de santé mutualistes. « Ils assument un service public, mais sont logés à la même enseigne que les établissements privés, rappelle la parlementaire. Le groupe CRC (communiste, républicain et citoyen) travaille là-dessus et compte faire une proposition de loi. » En attendant, les organisations syndicales portent des contre-propositions, notamment un projet sanitaire alternatif soutenu par le syndicat des médecins généralistes (voir ci-dessous). A voir si le conseil d’administration se penchera sur ces suggestions, vu qu’il rappelait encore mardi son « indéfectible détermination à sortir le Grand conseil de la mutualité de la situation de crise qu’il traverse actuellement ».
Texte et photo: Marjolaine Dihl