À l’occasion de la 22e Journée du sommeil, le 18 mars dans toute la France, l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) s’est penché sur le sommeil des parents et de leurs enfants. Il met en évidence le rôle de modèle des habitudes parentales en matière de sommeil.
Crise sanitaire, temps passé devant les écrans pendant la journée et au moment du coucher, même chez les enfants de moins de 3 ans, images anxiogènes des catastrophes naturelles, de la crise climatique, et plus récemment de la guerre en Ukraine. Tout l’environnement visuel a un impact sur le sommeil des enfants. « Le sommeil est essentiel, il est un déterminant important de la santé des enfants, rappelle Marc Rey, neurologue et président de l’INSV. La sensibilisation au sommeil doit se faire très tôt. Si l’on sait bien dormir enfant, on sait mieux dormir adulte. Les parents donnent un modèle de sommeil à leurs enfants et les interactions familiales jouent un rôle déterminant dans le sommeil. »
Troubles de la concentration et de l’attention, difficultés d’apprentissage…Dans la dernière enquête réalisée par Opinionway pour l’INSV (1), 24 % des parents déclarent que leur enfant souffre d’au moins un trouble du sommeil et ce chiffre atteint 32 % lorsqu’il s’agit des enfants de moins de 3 ans. Par ailleurs, deux tiers des parents interrogés estiment que le manque de sommeil affecte les enfants. Ils pointent notamment les troubles de la concentration et de l’attention (65 %), les difficultés d’apprentissage (50 %), les difficultés à maîtriser ses émotions (48 %) et les accès de colère (44 %). Globalement, sur une semaine, 48 % des enfants ont une heure de coucher régulière et une durée de sommeil sur une semaine de plus de dix heures par nuit.
Ne pas négliger les ronflementsL’enquête montre que 46 % des enfants se réveillent la nuit et cela concerne 66 % des moins de 3 ans. De plus, il existe une corrélation entre la fréquence des troubles du sommeil des parents et celles des enfants. « Si les parents dorment bien et aiment dormir, les enfants ont toutes les chances de bien dormir, estime le président de l’INSV. À l’inverse, les parents présentent plus fréquemment un trouble du sommeil lorsque leur enfant en a un. Il est important de rechercher l’existence d’une dette de sommeil, courante chez les mères de jeunes enfants. » Dans les troubles du sommeil constatés, les ronflements et les cauchemars sont les plus cités, en concordance avec la littérature médicale. Patricia Franco, pédiatre et chercheuse, responsable de l’unité de sommeil de l’hôpital Femme-Mère-Enfant à Lyon, rappelle « qu’un quart des parents ne parlent pas des problèmes de sommeil à leur médecin ou pédiatre. Si le syndrome d’apnée du sommeil est avéré, c’est-à-dire que le ronflement se produit plus de trois fois par semaine, pendant au moins trois mois, et qu’il est audible porte fermée, il peut avoir des répercussions sur la croissance et l’évolution cognitive de l’enfant ».
Réduire l’exposition aux écransLe sondage montre également que 87 % des enfants ont accès aux écrans et en moyenne sur deux supports (télévision, tablette, console de jeux, smartphone, ordinateur). Ils sont 92 % chez les 3-6 ans et 97 % chez les 6-10 ans. Et parmi les enfants de 6 mois à moins des 3 ans, 66 % ont accès à au moins un écran (56 % pour la télévision et 23 % pour un smartphone). Par ailleurs, sur une semaine, les enfants passent devant les écrans plus d’une heure par jour entre 17 h et le coucher, et près de deux heures quand le lendemain est une journée sans école, à la crèche ou chez la nounou. Les professionnels rappellent que « l’utilisation des écrans après 17 h est la plus délétère ». D’ailleurs, les parents constatent que leur enfant est plus fatigué au réveil s’il a utilisé des supports digitaux avant de se coucher. Dans 11 % des cas, au moment du coucher, l’enfant s’endort dans une pièce ou un ou plusieurs écrans sont allumés, le chiffre atteignant 13 % parmi les enfants de 6 mois à moins de 3 ans. Chez les parents qui considèrent que les écrans ont un impact positif sur la qualité de sommeil de leur enfant, 28 % déclarent que les écrans sont allumés au moment du coucher. Or, Marie-Rose Moro, pédopsychiatre, directrice de la Maison de Solenn (AP-HP), rappelle que « la question du sommeil c’est comme la question de l’alimentation, elle permet de faire grandir les enfants. C’est une question sociale et culturelle. Il faut travailler sur les façons d’aider les enfants à s’endormir, d’autant plus quand leurs parents vivent des difficultés qui les empêchent de sécuriser leurs enfants. Or, tout le monde a besoin d’être sécurisé dans sa vie ».
Isabel Soubelet
1. Enquête réalisée par Opinionway du 10 au 17 janvier 2022 auprès d’un échantillon de 1 015 personnes représentatif des parents d’enfants âgés de 6 mois à 10 ans.