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23/05/2022

Les 100 premiers jours du président selon le Collectif Santé en Danger

Le Collectif Santé en Danger, créé en juillet 2020, a listé une série de chantiers urgents à mettre en œuvre sous la forme d’un calendrier estival pour soigner un soin à bout de souffle. Non sans humour et avec une grande détermination malgré l’épuisement.

Toutes les semaines, des services d’urgences sont saturés, toutes les semaines, certains ferment la nuit ou le week-end. D’autres, de façon définitive. Ces fermetures, partout sur le territoire, sont relayées par tous les médias, nationaux et locaux. La situation est au quotidien dénoncée sur les réseaux sociaux par les acteurs de terrain, les soignants, les médecins, ou même des patients qui ont eu des difficultés à accéder à une offre de soins.

« On tient à jour la carte des services qui ferment, on est un peu les Bisons Futés des urgences. On n’a jamais été aussi près de la rupture. Depuis un mois, la situation est catastrophique », entame Audrey Baskovec, 41 ans, trésorière du Collectif Santé en Danger dans lequel elle s’investit depuis le début et infirmière dans le Grand Est, depuis 2001, aujourd’hui coordinatrice dons d’organes. Une situation dénoncée également ce jeudi 19 mai sur France Info par le Pr Rémi Salomon : « On a un risque imminent de rupture d’accès aux soins. C’est déjà en train de se produire et ça risque de s’aggraver de manière assez considérable pendant l’été, au moment des congés. » Le président de l’Association des médecins urgentistes hospitaliers de France, Patrick Pelloux est tout aussi alarmiste : « Cela va être atroce, du jamais-vu. Nous allons avoir des décès inopinés et involontaires (sic) dans les structures. […] Pour l’instant, nous n’avons plus de ministre de la Santé, nous sommes entre deux élections et nous savons qu’aucune décision ne sera prise. C’est terrifiant », a-t-il prédit dans Ouest-France.

Le « Vrai Ségur de la santé »

Plutôt que d’attendre des mesures et de subir, le collectif Santé en Danger, créé en juillet 2020 après les conclusions du Ségur par Arnaud Chiche, médecin, et sept professionnels de santé, comptant aujourd’hui 6 000 adhérents*, a planché sur un programme et formule des préconisations soumises au gouvernement pour retrouver l’équilibre et soigner le soin. « C’est ce que nous avons appelé “Les 100 Premiers jours”, souligne la représentante. Nous avons envoyé le document à messieurs Véran et Macron il y a quelques semaines. Ce sont les chantiers prioritaires à mettre en œuvre. »

Le document se présente comme un calendrier de début juin à début septembre. « Ces réformes sont la suite logique des grands axes choisis lors du “Vrai Ségur de la santé », qui s’est déroulé entre février et mars 2022 », est-il précisé en introduction.

Garder les professionnels en place

« Ce qui nous paraissait primordial et essentiel immédiatement, c’est de garder les professionnels en place, qu’ils ne partent pas ! Il ne s’agit plus d’attirer mais d’empêcher les démissions, s’exclame l’infirmière. Les infirmières, les aides-soignantes, les médecins qui sont encore là sont passionnés par leur métier, ils veulent soigner correctement mais ils sont épuisés ! Il faut donner un peu d’espoir. La priorité, c’est un plan nuit immédiat : une infirmière qui fait des nuits est payée 1,07 € de l’heure en plus, nous, on demande 10 € en plus ! Avec, donc, revalorisation salariale de la permanence des soins de nuit pour tous et doublement de la garde pour les médecins, reconnaissance de la pénibilité du travail de nuit, défiscalisation des indemnités de garde, arrêt ou limitation des gardes complètes après 50 ans… »

Lutter contre les déserts médicaux sans coercition

Ça, c’est pour le 15 juin. Ensuite, dès le 1er juillet, il s’agit d’établir et de garantir des ratios raisonnés patients/soignants dans tous les services hospitaliers. « Comme en réanimation, deux infirmières pour 5 patients, illustre Audrey Baskovec. Donc, on demande au moins un binôme infirmière/aide-soignante pour 12 patients. »

À partir du 6 juillet, l’idée est de faciliter l’accès aux soins et de lutter contre les déserts médicaux : revalorisation du tarif de la consultation des généralistes et du montant de la visite à domicile, diminution du poids des charges administratives, délégation de compétence vers les IPA, facilités d’installation avec financement de secrétariats médicaux et prise en charge des locaux par exemple, mapping des ressources santé des territoires, augmentation du nombre de personnes formées. « Par contre, nous sommes opposés à l’obligation d’installation de jeunes médecins dans les déserts médicaux, insiste la trésorière. Nous sommes contre la coercition mais pour des mesures incitatives concrètes. »

La suppression de toute charge administrative à l’hôpital comme en secteur libéral vise à redonner du temps et du sens au soin. « Les généralistes en ville et les infirmières libérales passent 50 % de leur temps à gérer de l’administratif, chiffre Audrey Baskovec. Il faut les laisser soigner ! Cela en rebute beaucoup et aggrave la situation des déserts médicaux. »

Un ministère de la prévention en santé

Le programme propose aussi pêle-mêle la revalorisation salariale des médecins urgentistes et des paramédicaux, la reconnaissance de la compétence paramédicale spécifique aux urgences, un suivi psychologique pour les soignants et les étudiants en santé, un tutorat renforcé chez les stagiaires infirmiers, la revalorisation statutaire et salariale des métiers invisibles du médico-technique, du social, du médico-social et des sages-femmes, la mise en place d’un plan de transition énergétique des établissements de santé avec la valorisation des déchets médicaux et la création d’un label vert pour les établissements, entre autres.
Fin août, détail d’un plan sur cinq ans avec la création d’un ministère de la Prévention en santé : politique d’éducation, dépistage…
Enfin, du 29 août au 2 septembre, congés ! « Un peu d’humour, s’amuse l’infirmière. Pas de réponse précise du gouvernement pour l’instant. Avec les législatives, on verra après nous a-t-on dit. »
En attendant, à l’heure de la procédure de certification des établissements, certains médecins boycottent la démarche, comme à Limoges où ils sont une centaine de praticiens à avoir approuvé le boycott.

Thomas Laborde

* De plus la page Facebook du Collectif Santé en Danger est suivie par 220 000 personnes. Elle est ponctuée chaque jour de publications : article à propos d’urgences qui ferment, comptes-rendus d’initiatives ici et là, témoignages, rencontre avec des candidats aux élections législatives…

Les dernières réactions

  • 21/05/2022 à 05:19
    Dies Ire
    alerter
    Et la suppression de tous les ordres professionnels !
  • 21/05/2022 à 13:13
    Dol
    alerter
    Là, à ce niveau là, Le Titanic va couler, c'est trop tard !

    Quelle misère. Honte à certains cadres de santé pédagogiques et autres DSI d'avoir mis la pression pendant des années à des ESI/Personnes en poste etc, d'avoir viré des étudiants avec parfois des rapports bidons etc.

    Allez, maintenant on va vous faire sortir de vos écoles et vous allez faire fonction AS/IDE etc.

    Fini la belle vie ! Allez bosser en service prêter main forte à vos collègues, ou pardon, ce qui en reste !
  • 31/05/2022 à 09:33
    Henriette Amunazo
    alerter
    La réaction a été supprimée car elle ne respecte pas la charte du site.

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