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14/03/2024

Les acouphènes : en parler davantage pour mieux agir

Alors que la 27ème Journée Nationale de l’Audition (JNA) se déroulera dans toute la France le 14 mars, l’association JNA qui milite pour relever le défi de l’audition en France mène cette année sa campagne sur les acouphènes qui concernent au moins six millions de personnes.

Pendant des années, le sujet des acouphènes n’était pas reconnu. Et ce n’est pas Roselyne Nicolas, vice-présidente depuis 2003 de France Acouphènes, association qui a vu le jour en 1992, qui dira le contraire. « C’est une avancée mais aujourd’hui il faut continuer, l’appareillage apporte un soulagement et la prévention est primordiale » souligne-t-elle. Dix ans après sa première campagne Journée Nationale de l’Audition (JNA) dédiée à ce sujet, un nouveau baromètre réalisé par l’IFOP vient d’être publié. L’enquête a été menée en ligne du 31 janvier au 6 février 2024 auprès d’un échantillon de 1000 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.

Un phénomène bien connu mais dont on ne parle pas assez

Selon cette enquête, 95 % des personnes interrogées connaissent le terme « acouphènes » alors qu’elles n’étaient que 88 % en 2014. En revanche, elles en connaissent mal la définition puisque seulement 37 % estiment qu’elles relèvent uniquement du fonctionnement du système auditif alors qu’elles étaient 62 % en 2014. Et 17 % ne savent pas ce que c’est, un résultat similaire à 2014. Pour rappel, les acouphènes sont des sensations auditives comme des sifflements, des grésillements ou des bourdonnements qui ne sont pas émises par une source extérieure et ne sont pas d’ordre psychologique. Les acouphènes sont loin d’être un épiphénomène puisque 53 % déclarent connaître une personne de leur entourage qui en souffre et elles sont 22 % à connaître plusieurs personnes qui en souffrent. Si le grand public connaît bien les causes les plus fréquentes de survenues des acouphènes (pour 58 % c’est l’exposition à des bruits sonores trop élevés dans l’environnement professionnel et pour 56 % c’est l’exposition à des bruits sonores trop élevés dans la vie quotidienne), la population estime que les différents acteurs ne communiquent pas assez sur le sujet. Ainsi, 70 % des personnes interviewées estiment que les professionnels de santé n’en parlent pas assez, 77 % que ce sont les associations, et 84 % que ce sont les pouvoirs publics.

Trois personnes concernées sur dix en souffrent depuis plus de cinq ans

Aujourd’hui, les acouphènes et leurs symptômes ne sont pas reconnus parmi les handicaps invisibles et invalidants. À défaut, les personnes en souffrance sont confrontées à une errance médicale. Ainsi, un tiers des personnes qui en souffrent n’ont jamais consulté et le temps entre les premiers symptômes et la première visite est autour de sept ans ! Selon l’enquête, 64 % disent ressentir des acouphènes, 13 % depuis moins d’un an et 28 % depuis plus de cinq ans. Sur le type de gène que cela occasionne, 6 % estiment que c’est une gêne très importante et 25 % que c’est une gêne importante. Sur les personnes qui souffrent d’acouphènes, 36 % sont inquiets et 55 % estiment qu’ils ne sont pas particulièrement gênés et qu’ils s’en accommodent bien. Pourtant, les capacités à comprendre la parole, l’efficacité à gérer les tâches quotidiennes, la qualité du sommeil, l’isolement social, la tristesse et le sentiment dépressif sont reconnus par les personnes comme de réels impacts des acouphènes sur leur état général physique et psychique. Le décalage entre la réalité des acouphènes et le fait de s’en accommoder peut constituer un facteur de risque de fuite de consultation médicale.

Des consultations qui stagnent

« Nous proposons des évaluations multidimensionnelles d’une durée d’une heure avec une psychologue à partir de 50 ans sur nos différents sites en France, que les personnes soient allocataires ou non, souligne l’équipe médicale d’Agirc-Arrco. Elle aborde notamment les sujets de l’humeur et du sommeil. Puis la personne a une consultation avec un médecin sur les aspects de santé avec un repérage systématique. Il faut savoir qu’une personne sur deux de plus de 50 ans à une presbyacousie, c’est quelque chose d’invisible et de pernicieux. De fait, l’appareillage précoce est important sur la qualité de vie et le lien social. Nous accompagnons les personnes pendant un an et nous avons mis en place des ateliers pluriprofessionnels de l’audition avec un psychologue, un orthophoniste, un sophrologue, un médecin spécialisé pour les acouphènes… » Une initiative à mentionner car selon l’enquête 52 % des personnes n’ont jamais consulté. Et quand elles ont consulté, elles se tournent dans 32 % des cas vers un médecin généraliste, 28 % un médecin ORL, 13 % un audioprothésiste, 9 % un médecin du travail, 12 % un médecin scolaire, 8 % un médecin homéopathe, 8 % un psychologue et un autre professionnel du secteur paramédical, 10 % un acupuncteur, 13 % un ostéopathe et 9 % un sophrologue ou un autre thérapeute (hypnose…). À noter que les thérapies alternatives sont en hausse de 5 à 6 points par rapport à 2018 (cela n’était pas mentionné dans l’enquête de 2014). Et pour ceux qui ont consulté, il a été conseillé à 34 % un traitement médicamenteux, à 16 % une aide auditive, à 9 % une intervention chirurgicale, à 4 % un autre dispositif et à 46 % aucun de ces dispositifs. Ce dernier chiffre était de 53 % en 2014, preuve que les campagnes annuelles jouent un rôle.

Isabel Soubelet

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