Un sondage dévoilé à l’occasion de la première Journée des aidants du 6 octobre casse certains stéréotypes sur la relation entre aidants et professionnels de santé.
Cet article est extrait de L’Infirmière libérale magazine n°264, qui inclura un dossier de six pages sur les aidants. Chez les abonnés le 25 octobre.
Nora Berra, la secrétaire d’Etat aux Aînés, a tenu à mettre les points sur les i : «On ne parlera plus des aidants comme d’habitude car on a pris la mesure de leur rôle. En rencontrant les familles au cours de cette enquête (1), on s’est dit “quel dévouement”, “quelle générosité”! Beaucoup ne savent même pas qu’il existe une dénomination, cela matérialise pourtant leur rôle.» A l’avant-veille de cette journée, elle présentait, épaulée par deux médecins, les résultats du premier panel d’aidants réalisé à l’initiative de son secrétariat d’État.
L’aide de proximité implique directement entre 3,3 et 3,7 millions de personnes et, indirectement, 10 millions. Près de la moitié des aidants exercent (non sans mal) une activité professionnelle et 60 % sont des femmes, « même si la masculinisation s’engage ». Les aidants sont en moyenne plus âgés que le reste de la population : 57 % ont plus de 50 ans. Si 17 à 18% évoluent dans le cercle amical ou le voisinage, le sondage ne met pas de disparité en relief entre les régions et la densité du tissu urbain. Pour le Pr Joël Ankri, médecin des hôpitaux du groupe hospitalier Sainte-Périne (AP-HP), « ça casse le stéréotype des grandes villes où l’on vivrait isolé ».
Encore trop de soins corporels
Concernant le type d’aides procurées, 96 % sont de l’ordre du soutien moral, 88 % de surveillance, 68% d’activités domestiques et 60 % financières. Si le Pr Philippe Thomas juge ces aides «normales», il attire en revanche l’attention sur les 41% d’aidants impliqués dans les soins à la personne : « C’est du ressort du soignant, pas des familles ! Pour des raisons psychologiques évidentes : l’aidant n’est pas là pour s’occuper du corps d’autrui. »
Le chapitre des relations avec le personnel soignant est au cœur de ce sondage et « montre des surprises plutôt heureuses ». Les trois quarts des aidants estiment en effet que les professionnels de santé leurs apportent de bonnes réponses. « Il y a quinze, vingt ans, on n’aurait pas du tout obtenu les mêmes chiffres », se félicite le Pr Ankri. Mais des points restent à améliorer: peu de professionnels semblent s’intéresser à la santé de l’aidant lui-même...
Un sur deux en dépression
Plus des deux tiers confient ne pas recevoir de conseils pour préserver leur propre santé. « Le professionnel n’assure pas le contrat jusqu’au bout », estime le Pr Ankri avant de rappeler que « 50% des aidants souffrent de dépression au terme de deux ou trois années». Dans l’assistance, des aidants et leurs proches ont acquiescé, regrettant le «manque de places en séjours de répits». Nora Berra a promis de s’en occuper: « On a dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale [2011] des financements pour ouvrir ce type de structures. »
Candice Moors
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1- Premier panel national de 1 023 aidants familiaux interrogés entre novembre 2008 et juin 2010 (BVA/Fondation Novartis).