Les anciens enfants cancéreux réussissent bien

12/03/2011

Les anciens enfants cancéreux réussissent bien

Avoir eu un cancer dans son enfance n’est pas prédictif d’une moindre qualité de vie socioprofessionnelle. Sauf pour ceux qui ont souffert d’une tumeur cérébrale, susceptible de laisser d’importantes séquelles.

Une fois parvenus à l’âge adulte, comment vivent ceux qui ont souffert d’un cancer dans l’enfance ? Mieux qu’on pourrait le penser. La Fondation Pfizer pour la santé de l’enfant et de l’adolescent a présenté les résultats d’une étude menée auprès de 3 324 anciens patients, traités pour un cancer entre 1948 et 2000, et qui sont aujourd’hui âgés de 20 à 40 ans. Les trois quarts des personnes sollicitées ont répondu à un questionnaire envoyé entre 2005 et 2010, ce qui est un score plutôt élevé.

Les résultats montrent que ces anciens patients ont un devenir socioprofessionnel favorable : ils obtiennent légèrement plus fréquemment leur baccalauréat et font plus d’études supérieures que la population générale française : 56 % contre 53 %, selon l’Insee. Parmi eux, 17 % sont classés dans la catégorie « cadres supérieurs et dirigeants d’entreprises », contre 12% pour l’ensemble de la population française.

Ils sont presqu’aussi souvent propriétaires de leur résidence principale que le reste de la population : 42 % contre 45 %.

Combativité individuelle et protection sociale
Autre bonne nouvelle : l’accès au crédit ne relève pas forcément du parcours du combattant. La moitié des anciens patients ont ainsi demandé un prêt pour acquérir un logement; parmi eux, de 60 à 70 % ont obtenu un crédit sans surcharge.

Les raisons de ces bons chiffres ? « Une certaine combativité acquise très tôt dans l’enfance, mais aussi un système français de protection sociale efficace en France », note le Pr Claude Griscelli, pédiatre, qui a initié les cohortes au sein de la fondation Pfizer. Les résultats d’études similaires menées dans les pays anglo-saxons sont d'ailleurs moins bons.

Pour ce qui est de la vie familiale, 58 % des anciens patients vivent en couple (61 % dans la population générale). Un bémol : on dénombre seulement 1,4 enfant par femme membre de la cohorte, soit un taux de fécondité bien inférieur à la moyenne nationale française (1).

Des risques élevés de deuxième cancer
Le sous-groupe des patients traités dans l’enfance pour une tumeur cérébrale rencontre néanmoins des difficultés. En effet, plus de la moitié d’entre eux ont le sentiment d’avoir arrêté leurs études trop tôt, à cause du cancer. Et seulement 16 % sont propriétaires de leur logement. Les raisons ? La maladie et ses traitements, qui entraînent des séquelles cognitives importantes.

Or les tumeurs cérébrales représentent une part non négligeable des cancers infantiles, supérieure aux 9 % retenus dans la cohorte, laquelle n’est donc pas représentative à cet égard. Autre nuance à apporter à cette étude : on peut penser que seules les personnes qui se portent bien ont répondu…

Si la réussite socioprofessionnelle des personnes victimes de cancer dans l’enfance ne pose pas de problème, il n’en est hélas pas de même pour leurs perspectives de santé : tous cancers confondus, leur mortalité est quatre à sept fois supérieure à celle de la population générale jusqu’à l’âge de 50 ans au moins et 45 % développent au moins un deuxième cancer avant l’âge de 55 ans.

Texte et photo: Nathalie Da Cruz

1 – En 2010, le taux de fécondité en France était d’en moyenne de 2,01 enfants par femme, selon l’Insee.

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