L’ex Rita Mitsouko Catherine Ringer, le réalisateur Cédric Klapisch ou encore le slameur Grand Corps Malade ont participé, mercredi 11 avril, à une soirée débats-concerts pour le maintien de cette maternité de l’est parisien.
A l’approche du premier tour de l’élection présidentielle, la mobilisation pour le maintien de la maternité des Bluets ne faiblit pas. L'association « Touche pas aux Bluets » organisait, dans la soirée du mercredi 11 avril, un débat-concert à l'espace Reuilly (Paris) mêlant professionnels de santé, élus, représentants syndicaux et artistes. Tous engagés dans la lutte pour la survie de cette maternité de l’est parisien, dont les importants déficits pourraient entraîner la fermeture.
Malgré une forte attractivité due à la qualité de l'accompagnement des naissances, la maternité des Bluets affirme en effet vivre depuis quelques temps une descente aux enfers, provoquée par les règles de la convergence tarifaire imposée par l'ARS. C'est sur scène, en échos aux tables rondes où les nombreux intervenants se sont exprimés sur les effets dévastateurs de la financiarisation qui pousserait les professionnels à faire « de l'abattage des naissances », que des artistes, comme le réalisateur Cédric Klapisch, la chanteuse Catherine Ringer, le baryton Vincent le Texier ou l'auteur Grand Corps Malade, sont venus apporter leur soutien.
« On passe à côté de la vie »
« On avait un bon système de santé, qu'on est entrain de détruire pour des questions économiques et financières, mais pas seulement », affirme Catherine Ringer. Avec la chanson Nos maternités, l'artiste s'est engagée sur la naissance libre pour, dit-elle, « montrer que, bien au-delà des contraintes financières, il faut s'interroger sur l'essence même de la naissance. On est aussi dans une logique où la technologie doit prendre le pas sur tout. Déclencher les naissances, programmer une césarienne lorsque ce n'est pas nécessaire nous fait rater des moments importants, on passe à côté de la vie. »
Une idée partagée par le barython Vinçent Le Texier qui, à travers son combat pour les Bluets, défend un certain idéal de société. « Je tiens à exprimer mon opposition face à la politique de ce gouvernement. J'en mesure les conséquences sur le système de la santé, mais pas seulement. J'ai de la chance de faire un métier que j'adore, mais je ne suis pas heureux car je constate que tout se dégrade autour de moi. Un pays qui commence à rentabiliser les naissances, cela devient dangereux car cela veut dire que tout le monde ne pourra pas accoucher dans les mêmes conditions. Le choix de la naissance libre, ce n'est pas juste une question de société, c'est aussi une question de civilisation. Il faut sortir de ces logiques terribles. »
Manifestation à Paris samedi
Arrivé tardivement dans la soirée, Grand Corps Malade ne peut s'empêcher, dans un slam, de faire le parallèle entre l'enseignement et la santé en France. « Les institutions publiques sont malmenées en France, je suis là pour défendre les métiers de prof ou d'infirmier, qui sont d'une grande noblesse et ne sont pas considérés à leur juste valeur. »
Les professionnels de la santé espèrent que la voix des artistes sera entendue par l'opinion publique, appelée à descendre dans la rue pour manifester et demander aux prétendants à Élysée de prendre position, notamment sur la question des maternités de proximité. Un rassemblement régional est prévu ce samedi 14 avril, place Gambetta, à Paris.
Texte et photo: Elisabeth Cosimi