Les blouses blanches de Roissy

20/08/2012

Les blouses blanches de Roissy

Au centre médical de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, une quarantaine de médecins, infirmiers et ambulanciers se relaient 24 heures sur 24 pour soigner salariés du site et passagers. Rencontre.

Nous ne faisons qu’y passer ; eux, sont là 24 heures sur 24, 365 jours par an. Médecins, infirmiers et ambulanciers sont une quarantaine à se relayer au Service médical d’urgence de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle.

Si à sa création, le service, alors situé au bord des pistes, avait uniquement pour mission d’intervenir en cas de catastrophe aérienne (comme le crash du Concorde, tout près de Roissy, qui a fait 113 victimes en 2000) et de préparer l’arrivée des services médicaux extérieurs, aujourd’hui il assure les soins, plus ou moins urgents, dont pourraient avoir besoin les quelque 90 000 salariés du site, et les 61 millions de passagers annuels. « Pour vous, l’aéroport est un lieu magique. Pour nous, c’est une usine. On est là pour colmater les brèches », expose le docteur Philippe Bargain, chef du service depuis sa création, en 1974.

40 000 passages par an

Le centre médical est aujourd’hui situé dans le terminal 2F de l’aéroport, au niveau des arrivées. Accueil, salles d’attente, de soins, de réanimation, chambres d’hébergement… 40 000 passages sont enregistrés chaque année dans ce « dispensaire de proximité ». Les patients sont en majorité les salariés du site ; viennent ensuite les passagers (environ 35 %) et les visiteurs (10 %). Deux médecins, trois infirmiers et deux ambulanciers sont présents en permanence, effectuant des gardes de 24 heures.

En cas d’urgence sur le site, une équipe peut intervenir en six minutes, avant la prise en charge par les services médicaux extérieurs. Mais, rares sont les vraies urgences : « En 2011, on a eu neuf arrêts cardiaques et 20 décès. Sur 60 millions de passagers », relève Philippe Bargain. Le quotidien des soignants est fait de turista héritées des vacances, d’accidents de travail des employés du site, de passagers un peu trop stressés, d’otites dûes aux variations de pression en vol…

« Vigie sanitaire »

Le service fait aussi office de centre de vaccination internationale, notamment contre la fièvre jaune : ici, pas besoin de rendez-vous. L’équipe se prépare d’ailleurs au rush des départs et retours des pèlerins de La Mecque ; quelque 1 800 vaccinations contre la méningite, obligatoires, devraient être réalisées. Autre mission : la prise en charge des rapatriés sanitaires, qu’il s’agisse de vacanciers accidentés ou de ressortissants français évacués après une catastrophe naturelle ou une crise géopolitique. Le service travaille également avec la police, la gendarmerie et les douanes : examen médical d’un immigré clandestin, prise en charge d’un « bouleteux » - une personne qui a ingéré de la drogue -, etc.

Il fait enfin fonction, pour le ministère de la Santé, de « vigie sanitaire » des maladies infectieuses, comme lors de la pandémie grippale ou, cet été, avec l’arrivée du moustique tigre en Ile-de-France, du chikungunya et de la dengue. « Si on a un malade qui a de la fièvre, on ne va pas penser qu’à la grippe ou au paludisme, mais on va lui demander d’où il vient », explique le chef de service, un atlas dans les mains.

« Des patients de toute la planète »

C’est cette diversité de situations qui a attiré Valérie, l’une des 18 infirmières de l’équipe. « On prend en charge des patients venus de toute la planète. Il faut s’adapter. Une Japonaise, par exemple, extériorisera moins la douleur et sera réticente à évoquer tout ce qui concerne le bas de son corps », souligne-t-elle. La soignante, en poste depuis 2002, apprécie également de pouvoir intervenir sur le terrain. « On a accès à toute la plateforme. Comme toute personne travaillant à l’aéroport, j’ai dû suivre une formation sûreté. Il y a des choses auxquelles il faut faire particulièrement attention : ne pas perdre ses ciseaux ou une aiguille sur la piste, par exemple. » Il a fallu aussi se familiariser avec les « pathologies aéroportuaires », telle l’embolie pulmonaire. « On l’appelle le syndrome de la passerelle. Les gens restent des heures assis dans l’avion ; un caillot de sang se forme au niveau du genou et c’est seulement quand ils se lèvent pour quitter l’avion que le caillot se déplace », décrit-elle.

« Un boulot fascinant » qui explique « l’absence d’érosion naturelle » au sein de l’équipe, vante Philippe Bargain. « Les gens sont là depuis 10, 20, 30 ans et resteront jusqu’à la retraite. La liste d’attente est longue. »

Texte et photo: Aveline Marques

Les dernières réactions

  • 20/08/2014 à 23:57
    Anonyme
    alerter
    pose de bandages pour ulcere vaiqueux

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