Le 12 décembre était décrété « journée hôpital sans cadres » dans les hôpitaux publics parisiens. Dénonçant leurs conditions d'exercice, les cadres veulent que leur travail soit reconnu.
La communauté des cadres de l’AP-HP « gronde ». Mercredi 12 décembre, décrété « journée hôpital sans cadres », plus de 300 salariés issus des différents établissements se sont réunis à l'hôpital Saint-Antoine pour énoncer leurs revendications aux représentants de la direction. Une assemblée générale qui faisait suite à l’occupation brève, le 6 décembre, des locaux de la direction de ce même hôpital par une centaine de protestataires.
Ce mercredi, durant près de 3 heures, les cadres ont pris la parole à tour de rôle et ont fait éclaté au grand jour leur mal-être, nourri par les « restructurations à marche forcée » qui se sont enchaînées ces dernières années. Dans le « mille-feuille hiérarchique », les cadres sont placés dans une position d'« exécutant dépendant », dénonce la CGT. « On entend "activités, masse salariale, cible", "vous ne faites pas assez", "vous avez trop de monde"... ça suffit ! Il faut redonner la parole aux cadres », lance l'un d'entre eux.
« Maltraitance »
Dénonçant le « burn-out », le « harcèlement », la « maltraitance institutionnalisée », l'intersyndicale (1) et les salariés présents ont réclamé l'amélioration de leurs conditions de travail. Insistant sur la reconnaissance de leur « temps de travail réél », ils demandent le respect de la réglementation concernant le libre choix annuel entre décompte et forfait horaire - qui serait imposé dans plusieurs établissements - et le paiement de 18 heures supplémentaires par mois. Ils réclament également une « équité de traitement » entre les différents sites en matière de primes et de paiement des gardes et des astreintes « paramédicales ». Non statutaires, ces dernières ont tendance à se substituer aux gardes administratives, selon la CGT. « Dans certains hôpitaux, c'est 48 euros le week-end; dans d'autres, c'est 350 », témoigne une cadre.
« Il y a des éléments qui doivent être harmonisés en fonction du statut. C'est un travail qui prend du temps », a reconnu Christian Poimboeuf, directeur des ressources humaines de l’AP-HP. Mais, « en matière de salaires et de primes, la direction générale n'a plus de pouvoir réglementaire », a-t-il affirmé, renvoyant la balle aux ministères de la Fonction publique et de la Santé. Quant aux conditions de travail, le DRH a évoqué des travaux en cours pour « un plan cadres ». « Il fera l'objet d'une concertation avec vous à partir de fin janvier ». « Les groupes de travail, les commissions, les plans cadres et les rapports, on n'en veut plus », ont insisté les protestataires, réclamant des négociations immédiates pour une vraie reconnaissance. « Ce n'est que le début du mouvement », ont-ils prévenu.
Rassemblement devant le ministère
Le prochain acte se jouera mardi 18 décembre. À l’appel de l’intersyndicale, un rassemblement est prévu à 10h30 devant le ministère de la Santé, à Paris. Les cadres réclameront le reclassement promis par le protocole d’accord du 2 février 2010, initialement prévu pour entrer en vigueur le 1er juillet dernier. Le décret d’application, instituant un nouveau corps de cadres paramédicaux et une nouvelle grille indiciaire, n’est toujours pas paru.
Texte et photo: Aveline Marques
(1) Usap-CGT, FO, la CFDT, la CFTC et SUD santé.