Maeva Delaveau
Entre le cabinet de médecine générale et le service hospitalier, les Centres de soins non-programmés (CSNP) se développent pour la prise en charge des petites urgences. Ils viennent de créer la Fédération française des CSNP (FFCSNP) : le point avec le Dr Maeva Delaveau, sa présidente.
Ce sont des centres de soins indépendants, gérés par des médecins et des infirmiers, qui accueillent des patients sans rendez-vous pour prendre en charge des soins urgents, en particulier des soins qui nécessitent des actes complémentaires ou thérapeutiques. En général, durant les heures d’ouverture, il y a dans nos centres un ou deux médecins, et un infirmier.
Comment les patients vous sont-ils adressés ?Certains patients viennent de leur propre initiative, mais beaucoup nous sont adressés par les généralistes, ainsi que par des spécialistes, des SSR [Soins de suite et réadaptation, ndlr], des Ehpads, le 15, le SAS [Service d’accès aux soins, ndlr] là où il est en place…
En quoi ces centres diffèrent-ils du modèle des maisons de santé pluriprofessionnelles, qui sont nombreuses à réserver des créneaux pour les urgences ?Nous sommes des professionnels de santé formés à la médecine d’urgence, et nous avons souvent une activité mixte ville-hôpital. Nous ne faisons pas de suivi de patient, et nous sommes organisés pour ce qui fait la spécificité de ce métier : trier, perfuser, prendre en charge des patients qui restent parfois longtemps, faire des radios, des immobilisations…
Quel est votre modèle économique ?Nous sommes des cabinets de médecins et d’infirmiers libéraux. Nous sommes donc payés à l’acte, en fonction des grilles de l’Assurance maladie, et nous exerçons tous en secteur 1.
Comment cela se passe-t-il pour les Idels, dont la nomenclature est surtout pensée pour assurer le suivi de patients chroniques ?C’est une vraie problématique. Certes, nos patients nécessitent pas mal d’actes (bilans sanguins, perfusions, antalgie, antibiothérapie, pansements…) mais leur cotation est loin d’être satisfaisante. Certains centres qui fonctionnent en Sisa [Société interprofessionnelle de soins ambulatoires, ndlr] parviennent à équilibrer les revenus avec une clé de répartition entre les professionnels, mais ce n’est pas admis dans tous les départements. D’autres essaient de ramener un peu d’égalité en jouant sur le règlement des charges…
Parvenez-vous à recruter suffisamment de professionnels ?Pour les médecins, c’est difficile, surtout que nous cherchons des praticiens qui ont une appétence pour la médecine d’urgence. L’hôpital a du mal à en trouver, et nous aussi. Pour les infirmiers, c’est un peu moins difficile : c’est un exercice qu’ils trouvent assez plaisant et qui leur permet souvent de compléter une activité plus classique.
En quoi pensez-vous pouvoir contribuer à résoudre la crise que les urgences connaissent actuellement ?Je peux parler de ce que je connais : dans mon centre, nous prenons en charge une quarantaine de patients par jour, dont 60 à 70% nécessitent des examens complémentaires : nous évitons donc des passages aux urgences. Et du point de vue du patient, nous évitons des heures d’attente dans les services. Certes, on attend aussi dans nos centres, mais ce n’est pas la même échelle, et nous restons sur des structures à taille humaine.
Quels sont les objectifs de la fédération que vous venez de créer ?Il s’agit déjà de recenser les centres qui existent : nous sommes huit centres fondateurs, et nous avons désormais environ quarante adhérents sur la bonne centaine de structures qui existent sur le territoire. Nous rencontrons tous les mêmes problématiques, et nous voulons être l’interlocuteur privilégié pour faciliter la mise en place de nos structures dans de bonne conditions. L’objectif est donc de leur permettre d’exister pleinement, et de s’organiser au mieux avec les tutelles.
Propos recueillis par Adrien Renaud