Tandis que la loi Hôpital-patients-santé-territoire se prépare, une mission dirigée par Jacques Marescaux planche sur un nouveau modèle hospitalo-universitaire. Les dirigeants de CHU, réunis pour leurs Assises bisannuelles la semaine dernière à Lille, ont apporté leur contribution à la réflexion sur le nouveau CHU.
Cinquante ans, le bel âge, celui aussi des remises en question. Tandis qu'une nouvelle réforme hospitalière se profile et que celle des universités a été votée, les responsables des CHU, dont la création remonte à décembre 1958, élaborent une nouvelle vision du management des CHU, de leur gouvernance mais aussi des métiers qui y sont exercés et de leur positionnement dans le paysage sanitaire. Pour eux, ce nouveau CHU doit être mieux implanté sur son territoire, au sein, par exemple, de directoires d'Unions hospitalo-universitaires interrégionales qui seraient des outils de cohérence en matière de recherche, notamment et qui regrouperaient directeurs généraux, présidents de CME et doyens de facultés de médecine.
Autre moyen envisagé : que les CHU puissent être représentés dans plusieurs communautés hospitalières de territoire de leur région (et non dans une seule comme le prévoit le projet de loi HPST). Un des avantages : atteindre une taille critique à la hauteur des défis européens et internationaux avec, en filigrane, l'idée du regroupement des CHU afin d'offrir une taille suffisante aux équipes de recherche.
La gouvernance des pôles « recentrée sur les soignants »
Sur le plan du management interne et de la gouvernance des établissements, les CHU se posent la question de la place des responsables de pôles. Pour Luc Barret, président de la CME du CHU de Grenoble, « il serait illusoire et même contre-productif de créer un collège spécifique de responsables de pôles », qui risquerait de constituer un contre pouvoir à la CME, élue. A Nancy, tous les responsables de pôles sont donc informés des travaux du conseil exécutif, en amont et en aval des réunions, et ils peuvent assister, tous les trois mois, à la deuxième partie du conseil. Dans les pôles, par ailleurs, les responsables de pôles font l'expérience d'une « collégialisation » des décisions, avec les soignants. Roselyne Bachelot a d'ailleurs confirmé à Lille que la future gouvernance des pôles serait « recentrée sur les soignants ».
Mission CHU
En tout état de cause, la prochaine loi HPST ne devrait pas distinguer les CHU des autres établissements hospitaliers, a indiqué le Pr Arnold Munnich, conseiller de Nicolas Sarkozy, même si le rôle de « patron » du directeur sera encore plus sensible au niveau des CHU, a-t-il précisé, et si les doyens pourront accéder au futur directoire. La loi sur l'autonomie des universités a clarifié les choses sur la mission de recherche de ces établissements mais au plan du management, c'est la commission présidée par le Pr Jacques Marescaux qui définira les contours du futur CHU sur le plan opérationnel de l'articulation entre ses trois missions (soins, enseignement, recherche), entre son rôle de recours et d'expertise mais aussi de proximité, etc.
Sans présager de ces travaux, Arnold Munnich a évoqué quelques pistes de réflexion sur l'évaluation des CHU : il faudra selon lui qu'elle prenne en compte, au-delà des performances financières, leur adhésion aux bonnes pratiques, et leur participation à la croissance et à l'emploi. Il a aussi estimé que l'utilisation des financement MERRI et MIGAC devaient être plus claire, que l'évaluation des actes devait s'adapter à la médecine lente telle que seuls les CHU peuvent la pratiquer et que la gestion des carrières, surtout médicales, devrait favoriser plus de mobilité. Il en a appelé aussi à une gouvernance « plus lisible » dans laquelle le pôle soit investi d'une mission de recherche et d'enseignement « de manière contractuelle ». Selon lui, la taille critique des CHU pourrait aussi être atteinte par contractualisation avec d'autres établissements et, « pourquoi pas, des établissements PSPH ».
Géraldine Langlois