Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les collégiens se sentent plutôt bien dans leur peau, même si plus on s’approche du lycée, moins ils aiment l’école.
Ces tendances se dégagent des données françaises d’une enquête internationale regroupant 41 pays d’Europe et d’Amérique du Nord sur la santé des élèves de 11 à 15 ans, menée en 2006 et dont les résultats ont été présentés mardi. L’enquête Health Behaviour in school-aged children est conduite tous les quatre ans par un réseau international de chercheurs sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Elle a pour objectif de suivre l’évolution des comportements des jeunes sur une tranche d’âge sensible de la transition adolescente et de construire des stratégies de promotion de la santé des jeunes. En 2006, la France y participait pour la quatrième fois consécutive. Plus de 7.000 élèves de 11, 13 et 15 ans dont à peu près autant de garçons que de filles, scolarisés en France métropolitaine du CM2 à la seconde (générale, technologique ou professionnelle) dans des établissements publics et privés y ont participé.
La méthode, harmonisée pour tous les pays participants consiste en un auto-questionnaire anonyme rempli par les élèves en classe sous la responsabilité d’un enquêteur infirmier ou médecin scolaire le plus souvent. Les résultats de l’enquête ont été consignés et analysés dans un ouvrage dirigé par trois médecins en santé publique et édité par l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (Inpes) en partenariat avec l’Education nationale.
Ainsi s’aperçoit-on que le fait d’ « aimer l’école » décroît très nettement à mesure que les enfants avancent en âge entre 11 et 15 ans. A âge égal de 11 ans, les enfants scolarisés à l’école élémentaire sont plus nombreux à se sentir bien que ceux du collège.
Les élèves ont en général une très bonne perception de leur santé puisqu’ils sont 87,2% à la juger « bonne » ou « excellente ». Ce taux de satisfaction diminue cependant avec l’âge et il est à tout âge inférieur chez les filles par rapport aux garçons. A cet égard, les concepteurs de l’enquête ont introduit la notion de « syndrome de plainte ». Celui qui en souffre se plaint d’au moins deux symptômes récurrents plus d’une fois par semaine pendant les six mois précédant l’enquête. Les symptômes en question sont des manifestations psychosomatiques fréquentes à l’adolescence telles que mal de tête, mal au ventre, mal de dos, difficultés à s’endormir, être déprimé, de mauvaise humeur, nerveux, etc. Les filles apparaissent beaucoup plus sujettes à ce syndrome de plainte que les garçons (45,6% contre 29,5%).
En ce qui concerne les habitudes alimentaires, plus de la moitié (58%) des jeunes sondés déclarent prendre un petit-déjeuner tous les jours, mais plus souvent à 11 ans qu’à 15 et davantage les garçons que les filles. Si deux tiers des jeunes déclarent consommer des fruits et légumes au moins une fois par jour, cette proportion diminue avec l’âge et, dans le même temps, plus d’un jeune sur quatre déclare consommer au moins une fois par jour des boissons sucrées.
Le temps moyen passé devant un écran (télévision, ordinateur, jeux vidéo) par les 11-15 ans s’établit à 5,5 heures par jour. La télévision est l’activité sédentaire la plus fréquente : un jeune sur deux la regarde plus de deux heures par jour.
A la question « avez-vous déjà eu des rapports sexuels » posée uniquement aux élèves de 15 ans, un peu plus d’un quart des sondés répond « oui », les garçons davantage que les filles. Parmi ces derniers, 85,6% déclarent avoir utilisé un préservatif lors du dernier rapport sexuel, ce dont s’est félicité Philippe Lamoureux, directeur général de l’Inpes, saluant dans ce résultat « vingt ans de prévention et de communication » contre le Sida.
En ce qui concerne le tabac, les chiffres sont à la baisse, qu’il s’agisse de l’expérimentation ou de la consommation quotidienne à 15 ans, passée de 20% à 14% entre 2002 et 2006. Les chiffres de la consommation d’alcool sont en revanche moins satisfaisants avec forte augmentation de l’indice d’ivresse : 41% des élèves de 15 ans déclarent avoir déjà été ivres contre 30% quatre ans auparavant.
La consommation de cannabis demeure stable. Idem pour les violences et brimades subies dans le cadre scolaire.
Forts de tous ces résultats, Philippe Lamoureux et Jean-Louis Nembrini, directeur général de l’enseignement scolaire, qui ont cosigné la préface de La santé des élèves de 11 à 15 ans en France/2006 jugent « essentiel que l’Ecole poursuive les efforts déjà largement entrepris pour accueillir tous les élèves et créer les conditions propices à l’acquisition de connaissances, de compétences et d’attitudes propres à les conduire vers des choix responsables dans leur future vie d’adulte ». Ils rappellent cependant que « la majeure partie du temps de socialisation des adolescents se déroule en dehors du cadre scolaire, avec leurs parents et leurs familles, avec d’autres adultes, avec des amis ou encore à travers les médias ». C’est pourquoi à l’heure de réfléchir à l’efficacité des messages de prévention à destination des jeunes, il faut convoquer « l’Ecole, les parents, les familles, les collectivités locales, les associations », concluent-ils.
C. A.