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L’Ordre national des infirmiers (Oni) a organisé, le 22 mars, une Matinale consacrée aux Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). La réflexion portait sur cette structure considérée comme la garantie d’une véritable coopération entre professionnels de santé et de l’accès à des soins de qualité pour tous les Français.
Le 6 mars, Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, a lancé une mission « Tour de France » des CPTS, menée par un médecin généraliste, afin d’analyser la réussite de ces structures et tendre vers un maillage complet du territoire. « Les CPTS portent un enjeu de partage des compétences entre les professionnels », a rappelé Patrick Chamboredon, président de l’Oni lors de la Matinale. Pour rappel, les CPTS doivent remplir quatre missions socles : faciliter l’accès aux soins des patients ; organiser leur parcours de soins ; agir dans le champ de la prévention ; et préparer un plan de réponses à une situation sanitaire exceptionnelle. Plus récemment, la version initiale de la proposition de loi de la députée Stéphanie Rist faisait des CPTS un cadre privilégié pour développer l’accès direct aux infirmières en pratique avancée et aux kinésithérapeutes. Une mesure retoquée par les sénateurs, mais que « nous aimerions voir réintroduite dans le texte de loi afin que les CPTS puissent bénéficier à l’ensemble des professionnels, et éviter le déploiement d’une santé à plusieurs vitesses », a soutenu Patrick Chamboredon.
Une CPTS à l’initiative d’IdelSur le terrain, de nombreux professionnels de santé s’engagent, depuis quelques années maintenant, dans le déploiement des CPTS, qui s’est accéléré depuis la crise sanitaire. A Aix-en-Provence (Provence-Alpes-Côte d'Azur), l’initiative est née des infirmières libérales (Idel). « En 2017, les 140 Idel du territoire se sont rassemblées en association afin d’échanger sur nos pratiques et de communiquer, a expliqué Audrey Ferullo, Idel et coordonnatrice de la CPTS d’Aix Sainte-Victoire. Naturellement, lorsque les CPTS ont été créées, nous nous sommes emparées de cette idée. » La première étape a été de convaincre les autres professionnels de santé de rejoindre le mouvement. L’élaboration du projet de santé s’est ensuite concentrée sur les problématiques du territoire, confronté à une population vieillissante. « Outre l’accès aux soins, nous avons travaillé sur deux parcours, à savoir la gérontologie et la santé mentale, afin de fluidifier les prises en charge », a-t-elle indiqué avant d’ajouter : « Notre objectif est de faire en sorte d’avoir le bon patient, au bon moment, pour le bon soin avec le bon professionnel. La CPTS nous permet de travailler ensemble afin de trouver des pistes de réflexion, des solutions et prévenir les difficultés. Ce sentiment d’appartenance nous fait avancer. »
Une pépinière d’idéesDu côté de Bergerac (Nouvelle-Aquitaine), Laëtitia Carlier, également Idel, assure le rôle de coordinatrice de la CPTS du Bergeracois, après en avoir été la présidente pendant trois ans. « Lorsque j’étais présidente, nous n’avions pas de budget pour financer une coordinatrice, ce qui est désormais possible dans le cadre de l’Accord conventionnel interprofessionnel, fait-elle savoir. Aujourd’hui, la coordination de la CPTS est un vrai métier, un vrai engagement. » Parmi les actions de la CPTS : l’intégration du service d’accès aux soins (SAS) et le déploiement de la télémédecine, notamment pour les consultations de spécialistes autres que la médecine générale. « La CPTS est un vrai lieu de communication pluriprofessionnelle, insiste-t-elle. Au départ, j’avais été frappée par la méconnaissance des professionnels entre eux. La CPTS sert aussi à comprendre les contraintes des uns et des autres, afin de dynamiser nos objectifs communs. » Un point de vue partagé par le Dr Martial Olivier-Koehret, médecin, président de la CPTS de Luxeuil (Haute-Saône) : « Les professionnels ont besoin de travailler ensemble au sein d’une structure afin de mieux s’organiser autour de la pluriprofessionnalité et l’accès aux soins des patients en mobilisant les compétences. » Un point d’attention toutefois : « Il ne s’agit pas de faire des CPTS à tout prix, l’engagement des professionnels doit venir d’eux, au risque qu’elles ne fonctionnent pas », a alerté Laëtitia Carlier.