Près de 200 directeurs d’hôpitaux et directeurs de soins se sont rassemblés jeudi 12 novembre à Paris, devant le siège du ministère de la Santé, pour protester contre les décrets d’application de la loi HPST.
De mémoire de directeur, personne n’avait jamais vu cela ! Ce jeudi de novembre en fin d’après-midi, ce ne sont pas les blouses blanches qui ont battu le pavé devant les bâtiments de l’avenue Duquesne mais leurs plus hauts supérieurs hiérarchiques. Massés derrière les barrières de sécurité, face à des CRS presque étonnés devant un cortège d’hommes en costumes sombres et de femmes élégamment vêtues, des directeurs d’hôpital et des directeurs de soins ont scandé à grands cris le mot « respect » aux fenêtres de leur ministre.
« C’est un mouvement sans précédent », se réjouissait Michel Rosenblatt, secrétaire général du Syncass-CFDT, syndicat des directeurs d’hôpitaux, à l’initiative, avec les cadres hospitaliers de FO, de cette manifestation. Selon les organisations syndicales, quelque 400 directeurs se sont déclarés en grève pour cette journée de mobilisation nationale. Une pétition en ligne a recueilli plus de 2 300 signatures de directeurs.
Les raisons de la colère
Ce sont les discussions autour des décrets d’application de la loi « Hôpital, patients, santé et territoires » (HPST) concernant les statuts des directeurs qui ont déclenché ce mouvement de révolte de la part d’un corps professionnel traditionnellement peu enclin aux manifestations publiques. S’agissant des directeurs des établissements, le gouvernement souhaite ouvrir la fonction à des contractuels. « Nous aurons bientôt à la tête des établissements des dirigeants issus des grandes écoles de commerce », a prévenu Christian Gatard, du CH-FO, lors de l’assemblée générale qui a précédé le rassemblement, dans un théâtre du VIIe arrondissement.
De plus, les directeurs craignent d’être complètement inféodés aux agences régionales de santé (ARS), appelées à les nommer et destituer sans décision paritaire avec leurs organisations représentatives. « Comment négocier pour son établissement dans ces conditions ? Nous n’aurons plus aucune indépendance », s’est insurgé Michel Rosenblatt. Les directeurs de soins voient de leur côté dans les projets ministériels une remise en cause de leurs fonctions de managers. « Nous ne serons plus que de simples conseillers, sans responsabilité hiérarchique», s’est inquiété Claude Lescouet, directeur des soins au CH Montperrin d’Aix-en-Provence.
Quelques praticiens hospitaliers engagés dans le mouvement de défense des hôpitaux publics étaient aussi venus soutenir la manifestation. A l’issue de cette journée de mobilisation, le ministère a reçu une délégation de directeurs d’hôpitaux et de directeurs des soins. Reste à savoir si cette première démonstration pourra infléchir les projets ministériels. « Il va falloir continuer à se battre », a insisté Christian Gatard.
Joëlle Maraschin
Photo. Au sortir de leur assemblée générale, les directeurs préparent leur rassemblement devant le ministère de la Santé. © J. M.
La pétition des directeurs sur le net: www.respectdesdirecteurs.org.