Les Ehpad ont désormais leur miss

Jusqu’ici personne ne s’y était risqué, mais c’était sans compter sur Maud Perault, infirmière à l’imagination et l’enthousiasme débordants. Son pari ? Mettre sur pied un concours national de coiffure exclusivement réservé aux femmes résidant en Ehpad. « Dans mon établissement, nous avons pris l’habitude de réaliser les petits bonheurs des résidents. Un jus d’orange pressé, une journée au bord de la mer, de la figuration pour un film… une à deux fois par an, je fais aussi intervenir une école d’esthétique qui vient chouchouter nos personnes âgées. Or ce centre de formation dispose d’une section coiffure et souhaitait mettre cette spécialité à l’honneur », rembobine la soignante qui tenait là le déclic pour concrétiser son idée. S’en suivent des heures à démarcher les écoles de coiffure et les Ehpad de tous les départements pour les mettre en lien. Le but : offrir à 6-8 résidentes une coupe, un brushing ou une couleur dans le salon d’application le plus proche et tenter de décrocher le titre de miss France « Nos grand-mères en fête ». « Toutes les écoles ont été emballées par ce projet. Car cela permettait aussi aux apprentis coiffeurs de s’entraîner et de découvrir une clientèle qu’ils n’ont pas l’habitude de voir », se félicite Maud Perault. Derrière cette intention, un autre cri du cœur de la part de cette infirmière qui exerce depuis cinq ans aux Jardins d’Iroise à Brion (49) : « Je ne supporte pas que les personnes âgées soient invisibilisées une fois qu’elles sont placées en maisons de retraite. Quand on vieillit, on a l’impression de ne plus exister pour personne. Ce concours était aussi un moyen de les faire sortir de leur anonymat. »

Elles s’appellent Ginette, Fernande, Micheline, Raymonde ou encore Pascale… et leur prénom n’est désormais plus vraiment inconnu. Tout comme celui des quelques autres 765 prétendantes à la couronne. Des concurrentes, qui « s’affronteront » virtuellement dès le 7 mars prochain, « jour de la fête des Grand-mères », précise Maud Perault avec malice. Une plateforme (1) permettra à tous de voter par tranche de 15 jours jusqu’à l’élection de la gagnante le 25 avril qui sera jugée sur la qualité de son relooking. A la clé pour les 3 dernières finalistes : de nombreux lots, dons d’entreprises locales. Les « perdantes », quant à elles, se verront remettre un diplôme, afin de garder trace de cette expérience inédite et vivifiante. Pour l’heure et jusqu’au lancement officiel du concours, place à la collecte et au montage des photos. Une tache chronophage dont l’infirmière s’acquitte sur son temps personnel. « Je gère tout toute seule depuis le début. J’espère que j’aurai un peu plus de soutien si le concours venait à être reconduit », appelle-t-elle de ses vœux. Une option qui semble plausible au vu du nombre de nouvelles demandes que l’infirmière reçoit déjà. D’ici là, plusieurs écoles de coiffure se sont engagées à intervenir gratuitement plusieurs fois par an dans certains Ehpad partenaires. De quoi encourager Maud Perault à poursuivre l’aventure : « Jamais je n’aurais imaginé que cela prenne autant d’ampleur, mais l’essentiel reste d’avoir pu offrir à toutes les participantes quelques heures de bonheur. Elle est là ma véritable récompense ».

Eléonore de Vaumas

1 https://tremendous-enemy-db2.notion.site/Concours-de-coiffure-Nos-Grands-M-res-en-F-te-9db4244b8f274b08820d71d24457c968