Constatant les conditions de vie de plus en plus difficiles des ESI, les responsables de la Fnesi tirent la sonnette d’alarme et lancent une « campagne inégalité ».
« Nous constatons chaque année une augmentation inquiétante de la précarité des étudiants en soins infirmiers (ESI), jusqu’à parfois, les pousser à arrêter leur formation », s’indigne Karina Durand, présidente de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi). Ces étudiants ne sont pas logés à la même enseigne, selon la région où ils poursuivent leurs études.
Revalorisation des bourses
Par ailleurs, les montants des aides qu’ils perçoivent sont encore très éloignés de celles de l’enseignement supérieur, gérées par le Crous (1). Dans la plupart des cas, les aides dévolues aux ESI sont, en effet, distribuées directement par les régions, des institutions qui oublient un peu trop souvent leur revalorisation annuelle. « Chaque année, nous devons prendre nos bâtons de pèlerins et faire le tour de la France pour obtenir ce qui devrait normalement être systématique », se désole encore Karina Durand.
Quant au Crous, il n’est pas accessible aux étudiants infirmiers, sauf en Basse-Normandie, depuis peu. Un exemple que la Fnesi voudrait voir se généraliser rapidement, le dispositif ayant l’avantage notable d’offrir un guichet unique, une plus grande visibilité et une homogénéité. Sans compter les fameuses revalorisations, qui se feraient de manière automatique.
138 euros de différence entre l’Alsace et l’Aquitaine
Autre problème : les fortes disparités régionales. Un ESI boursier à l’échelon 3 touche 2 749 euros par an en Aquitaine et 2 887 euros en Alsace, par exemple. Le bât blesse également dans le domaine des transports. Certains étudiants se trouvent contraints de payer pour aller en stage, les frais de déplacement n’ayant pas été réévalués depuis qu’ils existent. Et dans la mesure où chaque Ifsi s’organise comme il veut, les inégalités régionales s’en voient encore accrues. Les centres de formation des kinésithérapeutes se sont, pourtant, alignés sur le remboursement des fonctionnaires. Encore un exemple à suivre.
Un « manque de considération et d’écoute »
Le malaise des ESI ne se limite pas à des questions financières. « De plus en plus souvent, des étudiants viennent se plaindre à nous d’un manque de considération et d’écoute au sein même des instituts qui les forment, ajoute la présidente. Un paradoxe, quand justement on vous inculque des valeurs à l’opposé de ça. »
Alors que sur le papier, la notion d’acteur de sa propre formation est bien mise en avant, il semblerait qu’on en soit loin au quotidien. Les étudiants se plaignent, en effet, de « subir des directives sans avoir leur mot à dire ». Une frustration qui atteint son paroxysme chez ceux qui siègent au conseil, dont la parole serait trop souvent dévalorisée, si encore ils y ont droit. Le malaise persiste en stage, où les jugements de valeurs et les a priori pousseraient certains étudiants au découragement, voire à l’arrêt de leur formation. Une preuve supplémentaire que la formation en soins infirmiers met bien longtemps à se réformer.
Laure de Montalembert
1- Centre régional des œuvres universitaires et scolaires.