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31/05/2021

Les étudiants kiné auront désormais un Master

Le ministre de la Santé a accédé à une requête portée depuis six ans par les représentants des masseurs-kinésithérapeutes : que leurs cinq années d’études débouchent sur un diplôme de niveau Master. D’autres évolutions, également à l’étude, devraient permettre une meilleure reconnaissance de leur profession.

La revendication était ancienne, Olivier Véran y a accédé. Lors d’une visioconférence avec les représentants des kinésithérapeutes, le 17 mai, le ministre de la Santé a annoncé que les étudiants sortant des instituts de formation de masseurs-kinésithérapeutes (IFMK) verraient désormais leur diplôme d’État reconnu au grade Master, et ce, dès les diplômes délivrés au titre de l’année universitaire en cours. « Depuis le nouveau référentiel de 2015, les étudiants font cinq ans d’études : une première année d’accès aux études en santé, puis quatre ans d’IFMK, et ils valident les 300 crédits ECTS nécessaires au Master dans leur parcours, détaille Pascale Mathieu, présidente du Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes (CNOMK). Les échanges avec Olivier Véran ont été rapidement constructifs, nous nous en félicitons. »

L’affaire semble tellement limpide que ce sont plutôt les années de blocage qui posent question. « La démographie des masseurs-kinésithérapeutes fait un peu peur : nous sommes relativement nombreux », analyse Pascale Mathieu. En effet, selon un rapport du CNOMK, il y avait en France plus de 90 000 masseurs-kinésithérapeutes en exercice en 2020, et ce chiffre ne cesse de croître. L’obtention d’un niveau Master pourrait déboucher sur des revendications de revalorisation des revenus, ce qui a potentiellement freiné cette évolution.

Harmonisation européenne et mobilité facilitée

« Pourtant, la formation délivrée en France est qualitative, et l’obtention du Master reconnaît aussi cette excellence », souligne Sébastien Guérard, président du principal syndicat, la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR). Cette reconnaissance permet aussi une harmonisation des diplômes avec d’autres pays européens. Le quart des kinésithérapeutes en exercice en France a été diplômé à l’étranger. « Nous avons des collègues qui ont un Master espagnol, par exemple, alors que leurs homologues formés en France, au terme d’un cursus plus dense puisqu’il comporte une première année d’accès avant les quatre ans d’IFMK, ne peuvent pas se prévaloir de ce niveau de diplôme », pointe du doigt Sébastien Guérard.

La mobilité internationale des masseurs-kinésithérapeutes diplômés en France se trouve désormais facilitée. « La poursuite d’études au niveau doctoral va également pouvoir s’ouvrir plus largement », se réjouit Pascale Mathieu. Jusqu’alors, le passage par une validation des acquis était nécessaire pour envisager une poursuite d’études, ce qui n’a pas empêché 120 d’entre eux d’obtenir un doctorat. La question n’est pas encore tranchée pour les étudiants diplômés depuis la mise en place du nouveau référentiel de 2015. « Il semblerait logique qu’ils aient une facilité d’accès au Master », estime Pascale Mathieu.

Accès direct et autorisation de prescription

D’autres évolutions sont actuellement à l’étude, notamment l’accès direct aux soins (sans passer par une prescription médicale) et l’autorisation de prescription. Un rapport sera remis au Parlement en automne. « Aujourd’hui, en cas d’urgence et en l’absence d’un médecin, nous sommes autorisés à prendre un patient en charge », explique Pascale Mathieu. Pour les entorses de cheville ou les lombalgies, des protocoles permettent la prise en charge directe, mais aussi la prescription d’antalgiques et d’arrêt de travail. « Nous sommes désormais reconnus comme des ingénieurs en santé. À ce titre, nous avons des compétences en termes de bilan diagnostic, d’élaboration des plans de soins et d’adaptation de la prescription médicale, complète Sébastien Guérard. Il nous semble donc logique de pouvoir recevoir nos patients en accès direct, et que nos possibilités de prescription soient étendues. »

Si les organisations représentatives de la profession se réjouissent de ces avancées, elles restent toutefois vigilantes sur certains points. « Pour l’heure, il n’est pas prévu de revaloriser la lettre-clé, et l’acte moyen en kinésithérapie est payé 17,50 €. C’est insuffisant pour assurer une prise en charge correcte, remarque Sébastien Guérard. Sans revalorisation, nous ne participerons pas aux prochaines négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie. » Plus largement, les masseurs-kinésithérapeutes demandent une reconnaissance de leur rôle dans la prise en charge des patients. « Au lieu d’envisager la rééducation uniquement en termes de coûts, nous voulons mettre en avant le fait qu’elle est un investissement dans la santé et qu’elle permet en réalité de faire des économies », souligne Pascale Mathieu.

Lisette Gries

Les dernières réactions

  • 24/06/2021 à 19:22
    Mermoz
    alerter
    Bonjour, je suis kinésithérapeute depuis plus de 40 ans, je me demande toujours pourquoi nous conservons encore le terme de « masseur » peut -on être Kinésithérapeute sans être masseur ????? Par contre on trouve des masseurs (illégaux en France ) qui bien sûr ne sont pas kinésithérapeute ! De plus ce terme de masseur nous discrédite au niveau international !! Que font les syndicats depuis des décennies pour supprimer ce pléonasme ??? Dit-on Medecin - Docteur ??!! À l’heure de la reconnaissance de notre Master il est temps de supprimer ce terme totalement inutile !!! Merci d’agir auprès de notre ministre de la santé qui semble bien disposé à notre égard ! Dominique PRAS KINÉSITHÉRAPEUTE OSTÉOPATHE
  • 04/11/2021 à 04:27
    Lucile
    alerter
    Effectivement le ministère est bien disposé à l'égard des MKDE....
    Il est dommage que les autres paramédicaux ne disposent pas de ces mêmes dispositions!

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