Les étudiants ne veulent pas se faire des films

Un écran à la place d’un enseignant, la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) n’en veut pas. Si bien que, depuis la rentrée, une mobilisation agite les rangs des étudiants en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) pour dénoncer le lancement de cours sur DVD. Ils étaient ainsi près de 150 à manifester à l'Ifsi d'Avignon, le 11 octobre. « Nous demandons la suppression de ce type d’enseignement, fulmine Eve Guillaume, présidente de la Fnesi. Que ce soit sur DVD ou par visio-conférence, cela n’a pas de sens… Surtout lorsque cela concerne des matières telles que la psychologie, la physio-pathologie ou encore les langues ! »

Si les étudiants sudistes portent cette revendication aujourd’hui, le mouvement de contestation date de 2010. « C’est au moment de la réforme que ce genre de cours s’est mis en place, explique Eve Guillaume. Cela concerne les unités d’enseignement (UE) assurées par les universités. » Pour les sites éloignés de grands centres urbains, la présence des formateurs agréés par l’université s’avère parfois complexe. Résultat : certains Ifsi n’ont d’autre choix que d’assurer le cours sur support numérique. Selon la Fnesi, cette méthode d’enseignement aurait gagné l’Aquitaine, la Franche-Comté, le Poitou-Charente et la région Paca.

Problèmes techniques

« A Besançon, ainsi que dans toute la Franche-Comté, cela fait maintenant un an que nous avons ce système de cours universitaire sur DVD, témoigne la vice-présidente de la Fnesi, Clémentine Lab. Les débuts ont été chaotiques, avec un manque de moyens informatique important. Nous avons vu une amélioration durant l'année avec l'équipement des amphis. Cependant, cette nouvelle rentrée est marquée par de nouveaux problèmes techniques : trois amphis sur six sont hors service ! » Entre les manques de moyens matériels et l’absence d’interlocuteur durant la diffusion du cours, les remarques se font aussi sentir du côté du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec). « Nous sommes très réservés concernant ce type de cours », souligne la présidente, Joëlle Kozlowski, qui évoque « des discussions en conseil d’administration à ce propos ».

Face à la fronde actuelle qui sévit en Paca, le Pr Berbis, chargé de coordonner les filières infirmières à Aix-Marseille Université, s'en réfère à son rapport d’activité 2009-2012 sur « l’Universitarisation des formations en soins infirmiers conduisant à la collation du grade de licence ». Dans ce document, il rappelle que « la mise à disposition des Ifsi de ces enseignements filmés validés par les responsables universitaires répond ainsi à l’exigence d’un égal accès à la connaissance pour l’ensemble des élèves des Ifsi, quelles que soient les ressources pédagogiques de proximité (…) Ces supports confèrent, en outre, une très grande souplesse pour leur utilisation par les équipes pégdagogiques des Ifsi ».  Selon ce même rapport, « il n’est nullement question d’élargir cette procédure à l’ensemble des UE universitaires. A chaque fois qu’elle est possible, ce qui est le cas pour la majorité des UE, l’enseignement en présentiel sera naturellement préféré ». Pas sûr que cela suffise à calmer la colère des étudiants…

Marjolaine Dihl