Les femmes ne se soucient pas assez de leur santé

De nombreuses femmes travaillent dans le secteur médical, le secteur para-médical et l’aide et le service à la personne. Au quotidien, de manière professionnelle, elles prennent soin des autres. Mais prennent-elles suffisamment soin d’elles-mêmes et quelle perception ont-elles de leur propre santé ? Pour le savoir, le collectif Femmes de santé a réalisé avec le CSA un questionnaire en ligne en octobre dernier à partir d’un échantillon de 1001 femmes et a interrogé également 275 femmes membres du collectif.

Selon ce baromètre, 85 % des femmes estiment que leur famille est prioritaire et 83 % que c’est la santé de leur entourage. Leur propre santé (77 %) et leur bien-être (71 %) passent après. Le bien-être des proches est le facteur avec le plus fort impact sur la santé des femmes puis viennent le manque de praticiens et l’existence de déserts médicaux. Par ailleurs, elles estiment que les facteurs environnementaux (conséquences d’expositions à des produits toxiques, réchauffement climatique) ont un impact sur la santé des Françaises plus important que celui des facteurs de consommation comme le tabac et l’alcool.

Moins de trois femmes sur dix se sentent tout à fait informées sur les sujets de santé. Ainsi, seules 21 % estiment qu’elles sont bien informées sur l’évolution de la santé des femmes au cours de leur vie, 27 % sur la fréquence de suivi médical selon les domaines pour rester en bonne santé, et 27 % sur les dépistages à effectuer et les âges auxquels il faut les faire. « On parle rarement de la santé des femmes en termes d’évolution tout au long de la vie mais davantage par séquences comme par exemple celle de la maternité, souligne Anne-Marie Pernet, directrice du département santé CSA et membre du collectif Femmes de santé. Il faudrait inciter les femmes à continuer à aller voir un gynécologue après la ménopause, pas uniquement pour des dépistages. Ce message n’est pas très développé. » Quant au regard qu’elles portent sur leur propre santé, 87 % des femmes interrogées se considèrent en bonne santé. Pourtant, la moitié de celles qui se déclarent en bonne santé sont atteintes d’un problème de santé et 50 % ont une maladie chronique, et même deux femmes sur dix ont un problème moyennement grave à grave. Déni, oubli, négligence, mise de côté… Dans tous les cas, la perception des femmes sur leur état de santé n’est pas représentative de leur état de santé réel.  

Un quart des femmes qui ont un problème de santé déclarent ne pas trouver de solutions médicales (traitement, chirurgie), 17 % ne sont pas inquiètes et pensent que leur problème va se résoudre tout seul, 8 % ne trouvent pas de médecin pour traiter leur problème et 8 % estiment qu’elles manquent de temps pour s’occuper de leur problème de santé. Grâce à ce baromètre, on apprend que 81 % des femmes sans problème de santé sont satisfaites de la prise en charge de leur santé, 72 % des femmes atteintes d’une maladie chronique sont satisfaites de la prise en charge de leur santé et 60 % des femmes avec plusieurs pathologies sont satisfaites de la prise en charge de leur santé. Les motifs d’insatisfaction majeurs sont les suivants : manque de professionnels de santé en ville et à l’hôpital (69 %), manque d’écoute de la part des professionnels de santé (37 %), traitement pas assez efficace ou pas de traitement (32 %), perte de temps dans le diagnostic (19 %).

En France, les tabous autour de la santé de la femme perdurent. Ainsi, 35 % des femmes estiment qu’il est difficile de parler de leur santé à un professionnel et pour 47% qu’il n’est pas plus facile d’en parler à un proche. Des résultats qui donnent au collectif Femmes de santé des pistes d’actions pour 2024.