Le déficit des neuf hôpitaux d'instruction des armées a été réduit de 27 % entre 2009 et 2011, selon le rapport annuel de la Cour des comptes. Mais les quelque 16 000 agents du Service de santé des armées ne sont pas au bout de leur peine.
En 2010, la Cour des comptes avaient publié un rapport sévère sur le Service de santé des armées (SSA), qui emploie quelque 16 000 agents, dont 4000 à 5000 infirmières, pour un budget annuel d'environ 1,6 milliard d'euros. Dans le viseur, notamment : les neuf hôpitaux d'instruction des armées (HIA) répartis sur le territoire, épinglés pour leur déficit record - 281 millions d'euros en 2009 - et leur trop faible productivité.
Dans son rapport annuel, publié ce mardi 12 février, la Cour dresse un bilan « positif, bien qu'inégal » des réformes menées ces deux dernières années.
Un taux d'occupation des lits en hausse
Premier bon point : le déficit des HIA a été ramené à 205 millions d'euros fin 2011, en baisse de 27 % par rapport à 2009. Les charges ont légèrement diminué (-2 %, passant de 811 à 796 millions d'euros), tandis que les produits ont augmenté de 11 % (de 593 à 591 millions d'euros). Le taux d'occupation des lits est passé de 52 à 61 %. « L'activité est en hausse dans la majorité des secteurs », note le rapport. Elle a ainsi augmenté de 9 % en chirurgie et de 7 % en médecine.
Les HIA ont cherché à « mieux s'intégrer dans leur environnement de santé, notamment au moyen de collaborations inter hospitalières, et à développer leur activité d'urgence afin de capter de nouveaux patients et de renforcer leur visibilité », constatent les Sages de la rue Cambon. Ces derniers invitent le SSA à « rationnaliser et spécialiser ses structures » et à « donner davantage d'autonomie aux directeurs des hôpitaux, dans le respect du contrat opérationnel fixé par l'état-major des armées ».
Des efforts ont également été réalisés concernant la formation des médecins, jugée trop coûteuse et pas assez militaire. La Cour recommande au SSA de poursuivre sur sa lancée, en regroupant sur un même site, à Lyon, l'école de praticiens et l'École du personnel paramédical des armées, actuellement située à Toulon.
Trop faible activité médicale
Le soutien santé en opérations extérieures a été amélioré grâce à la formation de personnels « périmédicaux » (auxiliaires sanitaires) pour faire face aux urgences vitales. Toutefois, les délais d'évacuation des blessés sont « toujours inconnus », relève le rapport. La détection et le traitement des troubles psychiques post-traumatiques -dont souffrent de nombreux soldats revenus d'Afghanistan- est désormais mieux prise en compte.
En revanche, la réforme de la médecine d'unité est qualifiée de « modeste » par la Cour. Malgré les regroupements de structures, l'activité médicale n'a pas augmenté, au contraire : en 2011, un médecin d'unité a effectué, en moyenne, environ 780 consultations de soins et 456 visites d'expertise, contre 900 et 800 en 2010. Le rapport préconise ainsi d'augmenter leur activité de soins et d'urgence « en leur faisant soigner des patients extérieurs aux armées » ou en réduisant leur nombre - 624, en 2011.
Pas de fermeture
Reste à savoir quel sort sera réservé au Service de santé des armées dans le futur livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, demandé par François Hollande. La commission, présidée par le diplomate Jean-Marie Guéhenno, devrait bientôt rendre ses conclusions. À l'automne dernier, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait fait taire les rumeurs évoquant une fermeture des hôpitaux Laveran à Marseille, Bégin à Saint-Mandé (Val-de-Marne) et Robert-Picqué à Bordeaux. Ce qui n'exclut pas d'éventuelles restructurations.
Aveline Marques