Reçues au ministère de la Santé, les associations d'infirmières de bloc opératoire ont fait le point sur leurs revendications. Face à des « réponses inadaptées et sans engagement », elles annoncent leur intention de se mobiliser.
Master, VAE, exclusivité d'actes, suppression des deux années d'expérience... le ministère de la Santé met la patience des Ibode à rude épreuve. Dans un communiqué conjoint, diffusé le 22 novembre, l'Union nationale des infirmiers de bloc opératoire diplômés d'État (Unaibode) et l'Association des enseignants d'écoles d'infirmiers de bloc opératoire (AEEIBO) rendent compte d'une réunion avec le cabinet de la ministre de la Santé. Face à leurs nombreuses revendications, les deux associations dénoncent « des réponses inadaptées et sans engagement ».
Actes exclusifs : une mission Igas-IGAENR diligentée
Six ans après le début des travaux de réingéniérie de leur formation, les soignantes n'ont toujours pas obtenu la reconnaissance de leur spécialisation au grade master. Les travaux ne reprendront qu'au printemps 2013, date de rendu du rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l'Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche (IGAENR), missionnées par le ministère. « À quand un nouveau programme ? », interrogent l'Unaibode et l'AEEIBO.
Concernant la reconnaissance pour les Ibode de la pratique d'actes exclusifs prescriptibles par le chirurgien, les deux associations rapportent que la Fédération des spécialités médicales vient de donner un avis favorable. « Mais ce n'est pas acté ; il n'y a toujours pas de texte », déplore Brigitte Ludwig, présidente de l'Unaibode, qui réclame une modification de l’article R.4311-11 du Code de la santé publique, qui précisera la nature des actes exercés « prioritairement » par les Ibode.
Favorable à la suppression des deux années d'exercice préalable à l'admission en école d'Ibode, le ministère souhaite néanmoins « laisser quelques mois d'expérience ». « Cette proposition ne résout pas la problématique des jeunes IDE », considère les associations.
Mobilisation
Quant à la VAE pour les infirmières travaillant en bloc, ministère et associations s'accordent sur le principe, mais pas sur les modalités : « On nous a proposé de mettre en place une VAE sur la base des textes actuels mais nous voulons qu'elle englobe les actes exclusifs », explique Brigitte Ludwig.
Pour faire entendre leurs revendications, l'Unaibode et l'AEEIBO vont mettre en ligne sur leurs sites, dans les prochains jours, un appel à la mobilisation. « Les gens pourront signer et commenter », indique la présidente de l'Unaibode. Une précédente pétition, lancée il y a près de deux ans et récemment réactivée, a recueilli quelque 10 000 signatures, « quand la France ne compte que 6000 infirmières de bloc et 600 élèves Ibode », relèvent les associations.
La mobilisation s'organise au niveau local – principalement en Midi-Pyrénées, dans le Nord et à Paris-, dans les blocs et les écoles, notamment via les réseaux sociaux. « Il y a des blocs qui ont envie de se mettre en grève, notamment au CHU de Toulouse », précise Brigitte Ludwig. La patience des Ibode a des limites.
Aveline Marques