Les infirmières de coordination ont fait leurs preuves

02/10/2012

Les infirmières de coordination ont fait leurs preuves

Leur travail représente un réel apport dans la prise en charge des patients cancéreux en établissement, selon un bilan dressé au congrès de l'Afsos, le 27 septembre, à Paris.

À ce jour, 9 200 patients ont bénéficié d’une prise en charge par une infirmière coordinatrice. C’est l’un des bilans dressés par l’Institut national du cancer (INCa), dix-huit mois après le lancement de l’expérimentation, dans 35 établissements de cancérologie. La mission de ces infirmières ? Proposer une prise en charge personnalisée des patients, prenant en compte la dimension sociale et les besoins en soins de support (soutien psychologique, médecines douces, kinésithérapie, socio-esthétique …). « Les infirmières de coordination ont suivi, en moyenne, de 200 à 250 patients par an », a annoncé Graziella Pourcel, chef de projet coordination des soins à l’INCa, lors du congrès de l’Association francophone pour les soins oncologiques de support (Afsos), fin septembre, à Paris. « Des enquêtes auprès des patients relèvent une satisfaction élevée, poursuit-elle. Le parcours de soins intra-hospitalier est facilité. Pour ce qui est de la coordination ville-hôpital, en revanche, le constat est moins évident. »
Les infirmières de coordination ont détecté des fragilités sociales chez un tiers des patients concernés, orientés ensuite vers l’assistante sociale de l’établissement. Pour l’INCa, le dispositif est sans conteste pertinent.

Pratiques avancées

Cependant, des questions restent en suspens : comment renforcer l’articulation ville-hôpital ? Quel lien avec l’infirmière d’annonce ? En effet, dans une vingtaine de sites, les deux postes ne se confondent pas. Une deuxième phase d’expérimentation va être poursuivie en 2013, indique l’INCa. Vu l’état des finances publiques, il n’est pas sûr que le dispositif soit pérennisé. Une certitude : au centre Léon-Bérard, à Lyon, le poste occupé par Karine Rinck a été créé et va donc perdurer. « J’ai un œil sur la prise en charge globale des patients, qui me téléphonent souvent. Le rôle de soutien est important. Les médecins commencent à me faire confiance », se félicite l’infirmière (1).

Les missions de l’infirmière de coordination varient d’un établissement à l’autre. Il arrive que ce poste se confonde avec celui d’infirmière référente du service. C’est le cas de Marie-Dominique Cantal-Dupart, infirmière référente en neuro-oncologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), qui a suivi une formation théorique et pratique à la neurologie pendant six mois. Aujourd’hui, elle travaille en étroite collaboration avec le médecin. « Je peux modifier les prescriptions d’antiépileptiques et de corticoïdes sans attendre son aval. » Elle assure la consultation d’annonce, présente les différents soins de support et repère les besoins des patients, tout en adressant régulièrement des courriers au médecin traitant. Son portable est toujours allumé pour les malades en chimiothérapie.

Vu de Belgique

Coordinateur de soins en oncologie (CSO) aux Cliniques universitaires de Saint-Luc, à Bruxelles, Frédéric Maddaléna apporte un témoignage intéressant, dans la mesure où la Belgique a davantage de recul sur cette fonction. En effet, c’est en 2000 que les CSO ont vu le jour. Ils ont été généralisés dans tous les établissements en 2008, lorsque la Belgique a adopté son Plan cancer. Le poste présente quelques différences avec celui d’une infirmière de coordination française, selon Frédéric Maddaléna. « Dès le départ, le médecin nous présente au patient comme son référent. Nous, les CSO, assurons la consultation d’annonce - qui suit celle du médecin - et sommes vraiment le chef d’orchestre de la prise en charge. En France, j’ai l’impression que l’infirmière de coordination n’est qu’un maillon de la chaîne parmi d’autres (médecin, assistance sociale…). »

Texte et photo : Nathalie Da Cruz
 
 
(1) Lire l’article paru dans L’Infirmière Magazine daté du 1er septembre 2012.

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