Les infirmières pas prêtes à coopérer

27/12/2012

Les infirmières pas prêtes à coopérer

Selon un sondage mené par le Syndicat national des professionnels infirmiers, 87% des soignantes sont « hostiles » aux coopérations entre professionnels de santé instaurées par l'article 51 de la loi HPST. Un transferts d'actes « sans reconnaissance », jugent ces dernières.

Si la ministre de la Santé mise sur les transferts de compétences pour lutter contre les déserts médicaux, ce n'est pas le cas des infirmières. Selon un sondage mené début décembre par le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI CFE-CGC), 87% des soignantes seraient opposées aux coopérations entre professionnels de santé instaurées par l'article 51 de la loi HPST de 2009. « Les infirmières ne sont pas hostiles aux évolutions de leurs pratiques, mais elles refusent de raser gratis », commente Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI. De fait, pour la grande majorité des 13 234 infirmières votantes, les coopérations représentent avant tout des transferts d'actes visant à « décharger le médecin » et qui ne s'accompagnent d'aucune reconnaissance.

Fonction « kleenex »

À ce jour, neuf protocoles de coopération médecin-infirmière ont été validés. Il s'agit, par exemple, de réaliser un bilan urodynamique (CHU de Rouen), une ponction médullaire en crête iliaque (Institut Paoli-Calmette, Marseille), des vaccinations et sérologies au cours d'une consultation infirmière de prévention (centre de prévention et de santé d'Etampes), ou encore des actes échocardiographiques (CHU de Strasbourg et CHU Louis-Pradel, à Lyon).

« Ces nouveaux actes sont pratiqués sans reconnaissance statutaire et salariale, insiste le syndicat. C’est d’ailleurs une fonction "kleenex", dans la mesure où si le médecin s’en va, le protocole tombe, et l’infirmière retourne à la case départ. » De plus, la formation préalable, réalisée « sur le tas » par le médecin, n’est pas « validante », relève le SNPI. « Les compétences sont donc discutables, en particulier la capacité de réagir correctement en cas de problème ou de complication. »

Pour le développement de master en pratiques avancées

Invitées à commenter leur choix, les infirmières se sont prononcées en faveur d'une formation diplômante, de niveau master, en pratiques avancées - comme il en existe déjà à l'université de Marseille Méditerranée et à l'Ecole des hautes études en santé publique, ainsi qu'à l'université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines - et qui débouche sur « une nouvelle fonction considérée et payée comme telle », précise Thierry Amouroux. « L’infirmier aura alors toute sa légitimité et pourra exercer sur tout le territoire, comme le fait un Iade aujourd’hui. »

Aveline Marques

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